Après trois années d'attentes désespérantes, de persévérance et surtout de ferme détermination, Omar Belkacemi a réussi le pari incertain (inévitable parcours du combattant pour tout débutant) de réaliser son premier film. Pour un premier essai, c'est un véritable coup de maître. Belkacemi a mis à profit son expérience professionnelle acquise sur différents plateaux de tournage à l'étranger (comme assistant réalisateur mais aussi comédien) pour fignoler son œuvre. Il s'agit de Dihia, un court métrage de 22 minutes, qui se veut un hommage appuyé au combat des femmes seules, face à l'adversité de la vie quotidienne dans un petit village de Kabylie. Filmé dans des décors naturels austères malgré la beauté du site, ce choix est peut-être dicté par la volonté d'accentuer davantage la détresse des deux personnages principaux : Dihia campé avec une pointe de profonde conviction par Razika Farhan et le petit Améziane, interprété par Zinedine Abderahman, heureuse révélation en cette occasion. Tout au long de ces 22 minutes, on est invité à suivre l'évolution de ces deux personnages dans leur environnement hostile et impitoyable. Une mère qui se tue dans ses tâches journalières, entourée de requins à l'affût de ses moindres faiblesses pour lui sauter dessus mais qui garde sa dignité tout en misant sur son espoir en l'avenir. Un enfant qui subit l'humiliation de la part de son maître d'école censé lui prodiguer science et savoir. Enfin, le frère de Dihia et oncle d'Améziane qui apporte avec lui les prémices de cet espoir qu'on devine proche. La prestance de la jeune, belle et talentueuse Razika Farhan, nous fait rappeler ses aînées qui ont fait la gloire du cinéma algérien des années 1960 et 1970 à l'exemple de la grande Keltoum, ou encore de Chafia Boudraâ, plus connu sous “Lla Aïni”, grâce à son rôle emblématique dans l'Incendie de Mustapha Badie. Quant à Omar Belkacemi, en réussissant son film, il a aussi réussi à transmettre au public, cette émotion particulière que seul le monde magique du cinéma peut créer : être sensible au destin de ces personnages fictifs !