Contrairement à 2008 qui a vu des poids lourds du gouvernement français (François Fillon, Jean-Louis Borloo, Christine Lagarde, Michèle Alliot-Marie,…) séjourner en Algérie, pas un seul officiel français n'a foulé la terre algérienne en 2009 jusqu'à, bien sûr, la visite, les 14 et 15 mai, du secrétaire d'Etat français à la Défense et aux Anciens combattants, Jean-Marie Bockel. Il est vrai qu'en février dernier, Jean-Noël Guerini, sénateur et président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, a été reçu par le président Bouteflika. Même la secrétaire d'Etat française chargée de la Politique de la ville, Fadéla Amara, a été l'hôte, du 21 au 26 avril dernier, des wilayas d'Oran et de Aïn Témouchent, venue avec le cinéaste Alexandre Arcady pour faire des repérages pour les besoins de son nouveau film qui est une adaptation du nouveau roman de l'écrivain Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit. Mais la visite de Mme Amara ne s'inscrivait pas dans un cadre officiel, même si elle s'est permise quelques déclarations politiques du genre “toute initiative qui vise le rapprochement entre la France et l'Algérie”, ou encore “il faut saluer les dynamiques qui font avancer les choses.” Ce ralentissement du rythme des visites de ministres français a amené des observateurs à évoquer un nouveau coup de froid entre les deux pays qui, faut-il le souligner, ont de tout temps partagé des rapports très passionnels, voire conflictuels. Il se peut qu'avec la tenue d'une élection présidentielle en Algérie en 2009, les français ne veulent pas se voir accusés d'immixtion dans un débat algéro-algérien. En tout cas, la présente visite de M. Bockel peut être interprétée comme un signe de la volonté des deux présidents, algérien et français, qui se disent “amis” de secouer une relation algéro-française qui bat de l'aile. Surtout que des visites d'autres membres du gouvernement de François Fillon sont déjà annoncées (Fadéla Amara, Patrick Besson,...). Il semble en tout cas que c'est en éclaireur que M. Bockel est venu en Algérie dans l'espoir de déblayer un terrain bien semé d'embûches (contentieux historique, visas, Sahara occidental…) à une visite du président algérien en France dont l'accord de principe a été pourtant arraché de longue date, mais qui tarde à être programmée officiellement. Pourtant, Nicolas Sarkozy a été le premier président étranger à féliciter Abdelaziz Bouteflika pour sa réélection, pourtant contestée par ses adversaires pour un troisième mandat à la tête de l'Etat. C'est comme si le Président algérien faisait la moue. Les raisons d'une telle attitude ? Attend-il quelque chose du gouvernement français ? Difficile de percer le secret. Une chose est à relever toutefois : M. Bockel a fait part de l'impatience de l'Elysée à accueillir un président qui ne donne pas l'air d'être trop pressé de se rendre en France. “Nous sommes très en attente de pouvoir accueillir comme il le mérite le Président Bouteflika”, a-t-il déclaré à l'issue d'un entretien avec Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères.