Il est des moments importants qu'un citoyen du monde, digne de ce nom, ne veut et ne peut ignorer. Il en est ainsi du Festival culturel panafricain que l'Algérie s'apprête à recevoir pour la deuxième fois. Surtout que le pays cher à Massinissa a, en la circonstance, comme une revanche à prendre sur le sort qui lui a été imposé par un isolement diplomatique sans pareil. Les temps ont changé depuis, et ne pas l'admettre serait donner dans la cécité politique la plus criante. Même si la pratique de la culture de l'oubli dont sont victimes certains militants de la culture nationale et africaine et la mémoire ankylosée continuent à gangrener grandement des pans importants de la société civile. Quelle que soit l'ampleur des contradictions tertiaires qui existent au sein de la société algérienne où, comme le disait si bien Malek Haddad, la patrie a un goût de colère, les délégations ayant confirmé leur participation savent mieux que quiconque que les chances de s'en sortir du pays hôte, lourdement hypothéquées par la sauvagerie de la bête immonde et les plans machiavéliques ourdis par les forces hégémoniques et leurs laquais intérieurs, demeurent intactes. Dans un point de presse généreusement restitué par la presse nationale, Mme la ministre de la Culture a déclaré sans ambages que l'Algérie honorera haut la main la mission qui lui a été confiée par l'Union africaine. À savoir, être le lieu physique du retour en force de l'Afrique sur la scène internationale à travers le deuxième Festival culturel panafricain qui se tiendra du 5 au 20 juillet à Alger. Quarante ans après l'organisation, par l'Algérie, du prestigieux Festival culturel panafricain, la tenue à Alger de la deuxième édition de cette importante manifestation pourrait constituer une occasion inespérée pour de nombreux hommes et femmes de culture du continent de proposer, par exemple, un état des lieux susceptible de leur permettre de développer des échanges et d'établir entre eux un terrain plus propice à la compréhension de la situation qui prévaut et au dépassement des écueils grâce, notamment, à de salutaires synergies. Dédiée au 2e Festival culturel panafricain, la revue Panaf, que dirige notre confrère Zouaoui Benamadi, et à laquelle nous empruntons le titre de cette chronique, donne la pleine mesure de ce que va être cet important événement. Sauf qu'elle aurait dû commencer, à tout seigneur tout honneur, par l'argumentaire du regretté Mohamed Seddik Benyahia, artisan particulièrement heureux de la première fête continentale, organisée du 21 juillet au 1er août 1969. Il est à souhaiter surtout que cette même publication puisse consacrer, dans une de ses prochaines livraisons, une place de choix au Symposium d'Alger dont la tenue avait, de l'avis même de l'ancien ministre de l'Information et de la Culture, démontré, dans l'enthousiasme collectif d'un continent qui se retrouvait, qu'il n'était point une manifestation de circonstance, mais bien la première expression totale du phénomène culturel africain, affirmé, voulu et assumé dans son ensemble et dans l'amplitude de ses influences. Que ce soient celles qui font germer les racines sensibles de notre être ou celles qui orientent nos possibilités de renouvellement, de dépassement et de mise à mort de l'intolérance et de la négation de l'autre. A. M.