Les retombées de la crise financière seront lourdes pour les pays en développement. Les déclarations rassurantes des hautes autorités du pays au sujet de l'impact de la crise financière mondiale sur l'Algérie ne semblent pas être partagées par certains économistes algériens, tels que le docteur Rachid Boudjemaâ et Nacer Bouyahiaoui qui, eux, estiment que cette crise ne manquera pas d'avoir de lourdes retombées sur les pays en voie de développement parmi lesquels figure, bien sûr, l'Algérie. “La crise financière mondiale ne manquera pas d'avoir des répercussions sur la plupart des pays en voie de développement, notamment ceux qui tirent leurs ressources d'un seul produit exporté”, a expliqué le Dr Boudjemaâ à l'occasion d'une conférence-débat organisée par l'Institut international de management, Insim, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. C'est, d'ailleurs, dans cette catégorie de pays mono-exportateurs que se situe l'Algérie qui n'est pas, de l'avis de Nacer Bouyahiaoui, à l'abri des effets de cette crise tant la chute des prix du pétrole a engendré une baisse sensible des recettes d'exportation et, par conséquence, un déficit budgétaire, alors qu'il y a quelque temps, on parlait plutôt d'excédent budgétaire. Une situation qui risque, si elle viendrait à perdurer, de conduire au blocage de projets. Le ralentissement des investissements directs étrangers (IDE) dans les pays en voie de développement est également une des retombées de cette crise financière. Concernant le cas de l'Algérie, Nacer Bouyahiaoui a expliqué qu'au lieu de subir les effets négatifs de cette crise, l'Algérie aurait pu en tirer profit si elle avait créé des fonds d'investissement, qui ne signifient pas nécessairement des fonds spéculatifs, mais qui peuvent être orientés vers la prise de participation et non la spéculation sur des titres. À la question combien pourra durer encore cette crise, Nacer Bouyahiaoui répondra tout simplement qu'elle tire vers sa fin, mais tout en soulignant que celle-ci a engendré beaucoup de dégâts, citant en exemple le chômage qui était de 179 millions de chômeurs dans le monde durant l'année 2007 et qui est passé à 190 millions en 2008 et est estimé entre 230 et 240 millions pour cette année 2009. Ainsi, le nombre de personnes touchées par la faim qui est de 923 millions, dont 17% dans les pays en développement, risque d'agrandir, a expliqué encore Bouyahiaoui non sans mettre l'accent sur l'endettement des Etats qui s'aggrave de plus en plus après la perte de 65 000 milliards de dollars en termes de richesses mondiales et aussi la chute vertigineuse de la croissance mondiale qui risque d'atteindre le taux de -1,3% à la fin 2009. Pour Rachid Boudjemaâ, cette crise, qui n'est en fait que la crise de la mondialisation de type libéral, nous a démontré que le système de régulation de la finance internationale est défaillant et aussi que les démocraties occidentales savent se transformer en régimes autoritaires lorsque le capitalisme est menacé. La stratégie interventionniste élaborée notamment dans le cadre du G20, qui a concocté un plan international de sauvetage du libéralisme qui coûte 5 000 milliards de dollars, démontre amplement, a conclu Dr Boudjemaâ. Samir LESLOUS