“Assia ne mérite pas d'avoir son examen. Elle prendra la place d'une personne qui, elle, est parfaitement saine”, une phrase assassine que la jeune et universitaire diabétique n'est pas près d'oublier. Elle résume la profonde douleur des malades chroniques dans notre pays. Assia est timide, réservée… mais à 18 ans, elle est déjà forte et déterminée. Devant une assistance disparate, et passés les premiers moments de trouille, elle réussit à focaliser l'attention des médecins, présidents d'associations de diabète et des journalistes invités à une session d'initiation sur le diabète, organisée à Constantine les 15 et 16 mai derniers, par les laboratoires Novo Nordisk, en marge des Journées internationales de diabétologie. “Le rejet de mon entourage, loin de me décourager, m'a donné confiance en moi et aidé à atteindre mes objectifs”, dira Assia, diagnostiquée diabétique, il y a cinq ans. Ses pertes de connaissances ont commencé au lycée pendant les cours d'éducation physique. Ces évanouissements ont évolué pour devenir plus fréquents, au moins trois fois par jour, en classe et dans la rue. “J'étais la risée de mes camarades. Ils commentaient mes syncopes à chaque fois que je passais devant eux”, raconte Assia. Mais, la remarque la plus dure que celle-ci ait jamais entendue, vient de la bouche de sa meilleure amie, le jour de l'annonce des résultats du baccalauréat, en 2007. “Assia ne mérite pas d'avoir son examen. Elle prendra la place d'une personne qui, elle, est parfaitement saine.” À l'université, Assia n'échappera pas à ce genre de réflexions. On en viendra même jusqu'à “blaguer”, entre amis, des jours où elle perdait connaissance. Sa souffrance prendra fin le jour où elle rencontra l'un des ambassadeurs du projet Changing Diabete, initié par les laboratoires Novo Nordisk, lui-même diabétique. “Faites de votre maladie une force”, lance Assia, aujourd'hui étudiante en deuxième année de littérature française, à tous ceux qui sont malades et dont le vécu ressemble au sien. La tenue de ces journées de formation au profit des journalistes appelés, aux côtés des malades chroniques dont les diabétiques, à se battre au quotidien pour une meilleure compréhension de la maladie par la société.