Si l'on peut expliquer la volonté ainsi que la détermination des jeunes, à tenter le diable pour quitter le pays, par la dégradation du cadre de vie, l'inertie de l'administration à faciliter l'accès à l'emploi et au logement notamment, il n'en reste pas moins que la fermeture de l'Europe aux pays du Sud accentue ce désir de braver l'interdit. On aura tout ou peu dit sur le phénomène. Les harragas reprennent le large. La météo leur est favorable et, en l'espace d'une semaine, plus d'une centaine de candidats à l'émigration clandestine ont été interceptés par les gardes-côtes algériens. Mais la question se pose d'elle-même. Combien sont-ils ceux qui ont réussi la traversée vers la Sardaigne ou vers les côtes italiennes ? Impossible de le savoir dans l'état actuel des choses. En visite à Alger, un haut responsable italien avait déclaré que les gardes-côtes de son pays ont arrêté, en 2007, plus de 1 600 harragas algériens. Le chiffre est effarant et révèle en fait l'ampleur de la catastrophe. Malgré le durcissement du dispositif législatif, une démarche dénoncée même au niveau officiel par le président de la Commission de la promotion et de la protection des droits de l'Homme, les jeunes harragas ne renoncent pas à l'aventure. Ils sont toujours disposés à économiser et à fournir une enveloppe de 300 000 DA pour une place dans une barque qui les mènera vers une vie meilleure ou vers la mort. Mais qui sont-ils ces réseaux de passeurs qui exploitent la détresse des jeunes et même des cadres algériens pour s'enrichir ? Sont-ils identifiés ? Pour qui travaillent-ils ? Ont-ils des liens avec des réseaux étrangers spécialisés dans le trafic humain ? Si l'on peut expliquer la volonté ainsi que la détermination des jeunes, à tenter le diable pour quitter le pays, par la dégradation du cadre de vie, l'inertie de l'administration à faciliter l'accès à l'emploi et au logement notamment, il n'en reste pas moins que la fermeture de l'Europe aux pays du Sud accentue ce désir de braver l'interdit. Il est clair qu'un effort de développement socioéconomique reste à accomplir, et l'Algérie a toujours plaidé auprès des institutions européennes une aide au développement afin de fixer les populations du Sud dans leurs régions d'origine et refusé l'approche strictement sécuritaire adoptée par certains Etats voisins. L'Europe, qui s'est construite autour de la notion judéo-chrétienne, continue de justifier la radicalisation de la politique des visas par le terrorisme islamiste. Or, cette stratégie est discutable sur au moins deux points : le premier est lié au fait que le Vieux Continent avait accueilli les responsables des attentats terroristes qui ont été perpétrés en Algérie ; le second n'est ni plus ni moins sa nouvelle politique de l'immigration sélective où l'Europe veut encore absorber la matière grise algérienne réputée pour ses compétences lorsque, bien sûr, les conditions nécessaires lui sont assurées.