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“L'édition de 2010 sera exclusivement consacrée à l'Algérie !” ALI AIT MOUHOUB, DIRECTEUR DU FESTIVAL DU CINEMA POUR L'INTEGRATION DE VALENCIA, À “LIBERTE”
Originaire du village de Tillilit, à Aïn El-Hammam (Tizi Ouzou), Ali Aït Mouhoub est de cette race d'hommes infatigables qui se donnent beaucoup de peine pour mener un projet à terme. Après de brillantes études en Algérie, il se consacrera au septième art. Sa grande passion l'a d'ailleurs poussé à fonder, avec Mouloud Talbi, un universitaire, le Festival du cinéma pour l'intégration en terre ibérique. Dans cet entretien, il nous parle d'échanges culturels Nord-Sud et de ce que son festival pourrait apporter au cinéma algérien. Liberté : La 3e édition du Festival international du cinéma de l'intégration s'est tenue du 13 au 18 mai dernier. Mais c'est quoi au juste ce festival ? Ali Aït Mouhoub : Le Festival international du film pour l´intégration est né, il y a trois ans, de la volonté de deux Algériens, Mouloud Talbi, un universitaire, et moi. L´objectif est d'organiser annuellement une rencontre cinématographique à Valencia, en Espagne. Pour accompagner les projections, des spectacles musicaux, des débats et des tables rondes autour des thématiques touchant aux cultures des migrants et la riche et diversifiée culture hispanique. Avec, cette année, une nouveauté qui se cristallise à travers un défilé de mode. La manifestation est organisée par l'association Cultures Nord-Sud, en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux œuvrant pour la diversité culturelle, le multiculturalisme, l'interculturalisme, la promotion du cinéma, la vulgarisation du savoir, le dialogue entre le Nord et le Sud, la favorisation de la connaissance mutuelle et la facilitation de l'intégration en Espagne. Quelles ont été les nouveautés et les spécificités de l'édition de 2009 ? Nous sommes passés maintenant de la phase de structuration à la phase d'amélioration du festival, nous intégrons cette année d´autres nouveaux cycles comme, par exemple, “Hommage” qui est réservé à Tony Gatlif, un cycle qui sera exclusivement réservé à un acteur ou un directeur quelconque avec un nombre de films, et nous pensons éditer chaque année un livre sur l´histoire cinématographique du pays invité. Je tiens seulement à signaler que pendant cette 3e édition, plus de 25 pays seront représentés avec 59 films en 95 projections et plus d´informations sur notre site Internet. www.festivalintegracion.es. Irriguer l'imaginaire collectif par des films pourrait-il encourager les réflexions et les responsabilités face aux enjeux d'aujourd'hui du Nord face au Sud ? Le dialogue entre le Nord et le Sud n'a jamais été interrompu. Il a été jalonné de conflits, certes, mais aussi de fructueux échanges culturels, scientifiques et amicaux. Les deux régions sont des partenaires privilégiés et ce, à travers l'histoire. D'où la perspective de renforcer la connaissance mutuelle. Ces dernières années, depuis le 11 septembre 2001, les relations entre les deux régions ont été tachetées d'incompréhensions, d'attitudes défensives, de renfermement et de tension. Cela a généré un éloignement ayant préparé le terrain à la méconnaissance mutuelle. À l'heure des grands défis, de la mondialisation, de l'étroitesse de la planète et la destinée commune, le temps de la reconnaissance, de la redécouverte est arrivé. Cela est d'autant plus vrai qu'environ 10% de la population espagnole est étrangère. Le cinéma est un moyen d'expression de ces personnes dont la parole est monopolisée par quelques figures médiatiques dans lesquelles elles ne se reconnaissent point. Mêler les espoirs et les espérances aux espaces qui mêlent les hommes et les clivages ethniques aux stéréotypes : un sacré cocktail. Au-delà de la démarche artistique, de la découverte de l'art cinématographique latino, arabe ou européen, quel est le mérite de ce festival ? Aujourd'hui, le monde est à feu et à sang. L'information qui nous arrive vient par le prisme des médias qui reflètent surtout les conflits armés, la violence et les querelles politico-économiques en omettant, du coup, une composante importante de ce partenaire privilégié. Il s'agit des sociétés civiles qui sont diverses et variées en fonction des pays. En Espagne, plusieurs festivals montrent des films du Sud, mais c'est souvent des films de réalisateurs connus et reconnus, donc appartenant à une génération qui a été élevée et formée dans un contexte sociopolitique dépassé. Nous souhaitons donner la visibilité aux jeunes qui sont porteurs de changement, de dynamisme et de fraîcheur qui s'avèrent une source d'information précieuse, juste et authentique de l'évolution de ces sociétés. C'est également ces œuvres qui dessinent et façonnent l'avenir. En bref, ce festival a le mérite de faire sienne cette philosophie : “apprendre à se connaître c'est aussi apprendre à se respecter”. Quels sont vos projets pour l'Algérie ? Je suis tenté de vous donner la primeur de l'information, la 4e édition du festival pour l'année 2010 sera dédiée au cinéma algérien et l'Algérie sera l'invitée d'honneur du festival. Le cinéma algérien actuellement a besoin de soutien et de promotion. Notre festival reste un espace d´expression, surtout pour les jeunes cinéastes algériens. Nous pensons aussi créer des ateliers itinérants en Algérie et ailleurs. Le festival compte aussi éditer un livre sur “l'histoire du cinéma algérien”.