La réunion du groupe de contact international sur la Mauritanie travaille d'arrache-pied à Dakar pour essayer de trouver un consensus entre les protagonistes de la crise mauritanienne. Deux Algériens figurent aux premières loges de ce challenge parrainé par le Président sénégalais en sa qualité de voisin de la Mauritanie. Il s'agit de deux diplomates chevronnés auréolés d'une grande connaissance de l'Afrique et des négociations multilatérales : Ramdane Lamamra, le commissaire à la Paix et la Sécurité de l'Union africaine (UA), et son homologue, Saïd Djinnit, représentant spécial des Nations unies en Afrique de l'Ouest. Tous deux font partie de la génération de diplomates qui a fait ses armes aux côtés du groupe de diplomates forgés durant la guerre de libération nationale. Les négociations de Dakar sont âpres tant sont éloignées les positions des parties mauritaniennes. Les mettre autour d'une même table est en soi une gageure. “On a une forte impression que les délégations sont venues avec la ferme volonté de trouver un accord”, a annoncé le chef de la diplomatie sénégalaise, hôte des négociations. Il s'agit pour nos diplomates de trouver un terrain d'entente entre trois délégations représentant les grands pôles de la crise mauritanienne. Le pôle du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, destitué le 6 août, qui exige un retour à la légalité constitutionnelle. Celui du dirigeant du principal parti d'opposition, Ahmed Ould Daddah, et celui du meneur du putsch, le général Aziz, ex-chef de la junte qui brigue la présidence ce 12 juin, malgré la désapprobation de la communauté internationale, l'UA, l'UE et les Etats-Unis. En effet, le général Aziz, désormais à la tête d'un parti (majoritaire au Parlement), est donné vainqueur de la présidentielle boycottée par l'opposition, face à seulement trois candidats de moindre poids qui n'avaient pas condamné le putsch. Les opposants à la junte militaire attendent un geste d'apaisement de la part du général candidat et exigent au minimum le report des élections pour s'organiser. Face à cette situation de blocage, les putschistes seraient prêts à envisager ce report, à en croire le directeur de la campagne électorale du général Aziz, qui a déclaré à la presse : “Nous sommes disposés à reporter la présidentielle si nous avons des assurances que l'opposition va se présenter.” Le mot est lâché, le général candidat sait que son élection sans l'opposition ne sera pas du tout crédible. Le président sénégalais Abdoulaye Wade, qui avait ouvert les négociations en fin de semaine dernière, avait lancé un appel à tous pour trouver un consensus pour une solution démocratique. Les tractations se poursuivent et la France y met également du sien en son nom propre mais aussi au nom de l'UE par la voix de son ambassadeur à Dakar, omniprésent également dans les coulisses des négociations.