1- Aujourd'hui, nous célébrons la Journée mondiale de lutte contre le tabagisme. Mais y a-t-il un rapport entre la cigarette et le livre ? Entre la “fumée” et la littérature ? Entre le tabac et les littérateurs ? 2- Du poète, nous retenons à travers les temps et les écritures, qu'une seule image-type, celle du fou, du fumeur ou du buveur. Et cette image n'est pas exclusivement tiers-mondiste ou sudiste, elle est planétaire. Partout, dans toutes les civilisations universelles, l'image véhiculée du poète est celle d'un homme égaré dans la fumée des cigarettes, globe-trotter sur les traces des belles femmes ou d'un bon dégustateur de toutes les boissons prohibées ! 3- Tu es poète, donc tu es égaré. C'est-à-dire tu es donné à la cigarette, à l'alcool et aux étoiles ! Cet imaginaire universel hautement chargé par une telle image du poète est dû à la forte présence, dans notre culture et dans nos lectures, de quelques symboles qui représentent énergiquement la tribu des poètes. Celles et ceux qui ont marqué l'histoire de la littérature poétique et qui ont élevé les mille goûts littéraires. 4- Monter ou remonter l'image du poète, c'est d'abord revisiter les vies des quelques-uns faisant partie de cette espèce unique en voie de disparition. Penser ou repenser l'image du poète, c'est remémorer les diableries et les enchantements de ceux qui sont les plus visibles dans toutes les cultures universelles. Monter un portrait d'un poète, c'est méditer sur l'image d'un Imru al-Qays, Abou Nouas, Rimbaud, Bachar Ibn Bourd, Baudelaire, Omar Khayyâm, René Char, Djamel Amrani, les Saâlik (les brigands) et d'autres en voie d'extinction ! 5- Des poètes et des écrivains, ceux qui ont marqué l'histoire de la littérature, la cigarette au bec, posent sur les couvertures de leurs livres, c'est pourquoi la cigarette a sa magie. 6- Pourquoi la cigarette est une tentation ? Des stars, à l'image de Jacques Brel, Georges Brassens, Hanna Mineh, Marguerite Duras, Hemingway la cigarette mordue “bestialement”, écrasée entre des dents jaunâtres et mal entretenues, exhibent une image de liberté, ouvrent à nos yeux une fenêtre d'un voyage ouvert sur l'infini ! Sur le paradis ! 7- Des beaux textes littéraires sont écrits en éloge à la cigarette, faisant d'elle une divination ! Une tentation ! 8- Petits, jeunes, nous avons toujours imaginé le poète durant sa nuit, devant son cendrier comblé de mégots, noyé dans sa solitude bruyante, des centaines de feuilles déchirées et écrasées, en train de boire, de fumer, de rêver, d'écrire et de réécrire. 9- Le poète n'est pas un égaré. Il est visionnaire. Il est semi-apôtre. 10- En pensant au rapport magique établi entre la cigarette et la littérature, je me suis dis : la cigarette peut-elle sauver le livre ? Est-elle capable de venir à l'aide des lecteurs, des éditeurs et des libraires ? Mais comment ? Comment faire bondir la joie du livre et du lecteur avec cette fumée de cigarette ? 11- Comme j'ai appelé précédemment à la création d'un fonds national d'aide au livre, aux éditeurs et aux lecteurs provenant des ventes des cigarettes et ses voisins. 12- Je propose de déduire, ceci est vérifié par les économistes et les calculateurs, environ vingt centimes de chaque paquet de cigarettes nationales vendu, cinquante centimes de chaque paquet de cigarettes étrangères, un dinar de chaque bouteille de vin vendue, cinquante centimes de chaque bière vendue pour créer de cette déduction une caisse nationale d'aide au livre. Avec ceci, le lecteur procurera son livre avec une réduction de 30% du prix réel. Offrir une bourse de formation pour nos libraires qui, malheureusement, n'ont pas la moindre formation. Proposer des chèques-livre pour encourager la lecture aux élèves et aux étudiants. 13- Par cette caisse nationale, sans populisme aucun, nous pourrons venir en aide au livre, le bon-livre, loin de toute banalisation de la chose sacrée ! Ainsi le livre demeurera, même durant les jours de “la vache maigre”! Et ces jours, sans doute, ne sont pas loin ! 14- Même par leurs défauts, avec leurs cigarettes, par leurs diableries, les poètes resteront nos maîtres. Ils nous enseignent la grande leçon : comment rêver. Et je suis non fumeur. A. Z. [email protected]