Si elle reste dominée par le crash d'un appareil de marque Airbus et la visite en Arabie Saoudite et en Egypte du Président américain, l'actualité reste curieusement caractérisée en France par un matraquage médiatique systématique conçu surtout pour vouer aux gémonies l'humoriste Dieudonné. Mais en vain car, de l'avis même de la mère de celui qui ne cesse de défrayer la chronique parisienne, une des forces de Dieudonné est justement cette distance étonnante qu'il peut avoir par rapport aux problèmes de ce monde, y compris les siens. Ce qui n'est pas pour plaire à l'enfant de la télé française, l'animateur Arthur pour ne pas le désigner qui, en grand fan de Tsahal, l'armée de toutes les négations, semble quelque peu désarçonné par l'indifférence de celui qui sut, contre vents et marées, ébranler les idées reçues à l'origine de ce qu'il ose appeler “l'hystérie de la mémoire de la Shoah”. Contrairement à ce qui est insidieusement distillé çà et là, l'humoriste soutient qu'il ne fait, en réalité, que stigmatiser l'utilisation indécente et obscène de cette mémoire, ne serait-ce que par le respect qu'on doit aux victimes. Il faut parfois faire taire les fanfares et les feux d'artifice, martèle-t-il, et laisser le silence pour que reposent en paix toutes ces victimes. La compétition victimaire entre l'Holocauste et l'esclavage qu'il alimente et rejette en même temps forge la trame de ses convictions.Des convictions qui sont loin de faire l'unanimité auprès de certains esprits chagrins. Surtout lorsque Dieudonné se met à fréquenter les radicaux noirs du mouvement de Kémi Séba ou, lorsque lui, l'homme profondément antireligieux, s'acoquine avec les chiites de Yahia Gouasmi... Ce qui gêne, au demeurant, c'est le fait qu'ils soient tous unis dans une haine de la politique d'Israël et des sionistes négriers reconvertis dans la banque, le spectacle et aujourd'hui l'action terroriste dirigée particulièrement, dans une sorte de génocide, contre les populations civiles palestiniennes. Pire, renchérit-il, c'est Israël qui a financé l'apartheid et ses projets de solution finale. Banni des médias, il ne donne pas l'impression d'être affecté outre mesure. Loin s'en faut ! À chacune de ses sorties, il stigmatise avec véhémence le puissant lobby sioniste en France. Joignant la parole à l'action, cet humoriste d'origine camerounaise est tête de liste du Parti antisioniste (PAS) en région parisienne pour les élections européennes de dimanche. Et cela dérange, on s'en doute, à plus forte raison lorsque la campagne européenne, de l'avis de nombreux confrères français, s'engage sur le terrain dangereux des antagonismes communautaires. Et de la négation de l'autre puisque la projection prévue mercredi d'un film sur l'humoriste “candidat antisioniste” aux européennes a été annulée. Ce qui n'était, à l'origine, qu'une simple projection allait vite être assimilé par Bertrand Delanoë, maire PS de Paris, et Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, à “des provocations antisémites de Dieudonné”, cinq jours avant les élections européennes.