L'artiste français a animé, hier, un point de presse (la matinée de son concert), où il est revenu sur cette affaire d'«antisémitisme» dont il est accusé... «L'humour est pour moi un outil de communication, une arme pour dénoncer certaines tensions qui existent dans la société, notamment pour lutter contre le mal. Il a une fonction sociale. Je comprends qu'il peut agacer», a déclaré, hier, lors d'un point de presse animé à la salle Ibn Khaldoun, l'humoriste français Dieudonné qui est au centre d'une polémique en ce moment. Pour rappel, celle-ci a débuté le 1er décembre 2004, lorsqu'il présenta un sketch dans l'émission On ne peut pas plaire à tout le monde, de Marc Olivier Fogiel. Dieudonné est taxé à «tort» d'antisémite. Un lynchage médiatique s'abat sur lui. Ses spectacles sont annulés un peu partout, en France, en Belgique... «Un mouvement hystérique, dit Dieudonné, érigé par le lobby sioniste qui cultive l'unicité de la souffrance. La souffrance arabe, on en parle même pas. Comment cela se fait-il qu'il n'y ait pas une ligne dans les manuels scolaires sur la traite négrière? Les véritables comiques ce sont les hommes politiques. Pourquoi quand on critique les noirs, le gouvernement ne bouge pas?» Dieudonné parlera au nom de la population noire opprimée qui, elle, n'a pas souvent droit à la parole, car «minoritaire aux tribunes» et qui sait ce qu'est la souffrance. Dieudonné a confié son projet de vouloir faire un film sur la traite négrière. «Le lobby sioniste m'a répondu que ce n'était pas un sujet. C'est eux qui dominent. Il font un abus de pouvoir». Avec un franc-parler caractérisé, Dieudonné de son vrai nom Mabala Mbala, dira agir selon les perceptions de ces gens qui l'ont marqué, notamment Mandela, Martin Luther King, Ghandi, aspirant à vivre tout simplement sur terre avec sa famille en liberté. «On est descendant d'esclaves. On croit avoir gagné la liberté. On en est encore loin...». Evoquant son métier et ses effets, il fera remarquer: «Plus le sujet est grave plus le rire est profond, parce qu'il libère les sentiments, la parole. C'est devenu presqu'une religion pour moi. C'est ma façon de transcender les frontières. La culture est libre. Elle vient forcément du peuple. C'est elle qui libère les tensions.» Revenant sans cesse sur cette délicate affaire qui a fait couler beaucoup d'encre, dans les médias et même dans les sphères politiques en France, Dieudonné a récusé le fait qu'«on essaye de classifier la souffrance». Evoquant la Shoah (extermination des Juifs dans les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale par Hitler), il se demandera pourquoi, on ne parle pas assez des 400 ans qu'a duré l'esclavage. «En France, on a fait plus de 150 films sur l'holocauste, alors qu'on n'en a pas fait sur la traite des Noirs.» S'agissant des autres humoristes qui n'ont pas pris position en sa faveur, notamment Djamel Debbouze ou encore Elie Semoun, Dieudonné fera allusion avec dérision à la voiture Ferrari que d'aucuns ne concèderont pas à rendre. Autrement dit, la plupart des artistes en France sont liés, conditionnés ou dépendants du lobby juif. Ce qui est vrai quand on sait que ce dernier, aujourd'hui, pratiquement, dirige le monde du spectacle. «Par l'humour, ajoutera-t-il, j'ai voulu marquer ma solidarité avec le peuple palestinien. Je me sens proche de lui. Il ressemble dans sa lutte à la résistance du peuple noir. Il faut tous ensemble se sentir touchés par le drame des autres. C'est ça le droit universel». A propos de Mes excuses, le titre de son spectacle qu'il présentera à la salle Ibn Khaldoun, il confiera que c'est une façon déguisée de faire encore une fois de l'humour. C'est un clin d'oeil à Mes excuses, maître. «Une manière de faire le bon nègre. Mais moi, je suis un mauvais nègre et je l'assume.» Toutefois, Dieudonné s'était véritablement excusé auprès des personnes qui ont dû être touchées, car ayant connu la Shoah. Artiste, utopiste, idéaliste et même perfectionniste, Dieudonné, 40 ans aujourd'hui, aspire à vivre réellement dans la paix et la démocratie. Même si le citoyen ne se dissocie plus de l'humoriste, encore moins du politicien ou de l'artiste aux idées engagées qu'il est. Mais c'est peut-être ça «la folie» dont certains marginaux ont eu à souffrir durant toute leur vie, car ayant cru à un idéal. Et ils ne se sont pas trompés!