Rappelant sa déclaration que “les Etats-Unis ne seront jamais en guerre contre l'islam”, le président américain a émis le souhait d'une réconciliation avec le monde musulman parce que, selon lui, le “cycle de la méfiance et de la discorde devait s'achever”. Au passage, il a apporté son soutien à la création d'un Etat palestinien et a demandé que la colonisation israélienne cesse. Quoique avec un léger retard par rapport à ses promesses électorales, au cours desquelles il avait promis de s'adresser au monde musulman durant les premiers cent jours après son investiture, le président des Etats-Unis a lancé jeudi devant 3 000 personnes, à l'université du Caire, un lieu connu pour son activisme antiaméricain durant la guerre en Irak, un message de paix en direction des musulmans. Entamant son discours, tant attendu, par un “salam aleikoum”, Barack Obama a annoncé d'entrée qu'il était venu “chercher” au Caire un “nouveau départ entre les musulmans et les Etats-Unis”, car estimant que le “cycle de la méfiance et de la discorde devait s'achever”. En d'autres termes, c'est la réconciliation entre le monde musulman et l'Amérique que semble vouloir le locataire du bureau ovale. Pour se faire convaincant, il assénera que “j'ai dit clairement que les Etats-Unis n'étaient pas — et ne seraient jamais — en guerre contre l'islam”, tout en émettant le souhait que les Etats-Unis et les musulmans combattent ensemble “l'extrémisme violent”. Par cela, il faut comprendre l'activisme terroriste de la mouvance Al-Qaïda et ses différentes ramifications au Maghreb et en Europe. Il s'attaquera par la suite à la question qui intéresse le plus les musulmans, à savoir la cause palestinienne, pour affirmer que la “colonisation” israélienne dans les territoires palestiniens devait cesser, même s'il prendra le soin de rappeler que le lien des Etats-Unis avec Israël était “inébranlable”. Dans le même ordre d'idées, Barack Obama exprimera une fois de plus son souhait de voir naître un Etat palestinien, aspiration “légitime”, selon lui, du peuple palestinien. Il a même appelé directement les islamistes du Hamas, dont il a reconnu qu'ils bénéficiaient d'un certain soutien populaire, à abandonner la violence et à reconnaître Israël, et a invité l'Etat hébreu à accepter un Etat palestinien et à permettre à Gaza et à la Cisjordanie de respirer économiquement. Ceci étant, le patron de la Maison-Blanche est allé à contre-courant de la politique suivie par les Etats-Unis au cours des huit années précédentes, prononcé une esquisse d'autocritique au nom de l'Amérique, et tracé une feuille de route qui, si elle est appliquée, pourrait transformer le Moyen-Orient durant les prochaines années. Il n'en demeure pas moins, que ce pari sera très difficile à réaliser vu que l'actuel gouvernement israélien, le plus à droite de l'histoire de l'Etat hébreu, a déjà rejeté la position américaine sur la colonisation, et ne semble nullement disposé à accepter un Etat palestinien à côté d'Israël dans l'immédiat. Du côté palestinien, c'est une Autorité de Mahmoud Abbas faible et discréditée, et un Hamas qui ne lâchera pas ses positions sans une forte opposition. C'est dire la complexité de la mission. Concernant l'Afghanistan et le Pakistan, où les Etats-Unis n'ont que de mauvaises options, et une stratégie fragilisée par de mauvais alliés locaux, Obama a été évasif, tout comme sur l'Iran et le nucléaire, sujet qu'il a évoqué rapidement, sans doute pour ne pas trop peser sur l'élection présidentielle iranienne qui se déroule dans quelques jours à peine. Il affirmera néanmoins que la confrontation sur le programme nucléaire controversé de Téhéran était “à un tournant décisif”, et que les Etats-Unis étaient disposés à “aller de l'avant sans conditions préalables”. Pour information, le discours était diffusé aux 1,5 milliard de musulmans dans le monde sur des réseaux de socialisation sur Internet comme Facebook, Twitter et MySpace, de façon à multiplier son impact tandis que le site Internet du département d'Etat propose de recevoir des extraits par sms en arabe, persan, ourdou et anglais. Au Caire, devant l'impossibilité de se déplacer, la plupart des 20 millions d'habitants ont pris une journée de vacances. L'énorme dispositif de sécurité mis en place pour la visite de Barack Obama, encore renforcé par les menaces proférées par Oussama Ben Laden à l'encontre du président américain, a sérieusement perturbé la circulation déjà problématique de la capitale égyptienne. La population égyptienne a accueilli avec une relative sympathie un président qui a montré vouloir changer les choses dans les relations entre les Etats-Unis et le monde musulman.