“L'Etoile et la Comète” est une belle rencontre entre Yacine et Nedjma après des années de perdition. Un dialogue sur la vie, l'amour et la patrie. La représentation de la pièce théâtrale l'Etoile et la comète, mise en scène par Ziane Chérif Ayad et écrite par Arezki Mellal, a eu lieu les 2 et 3 juin au palais de la Culture Moufdi-Zakaria. Inspirée de la pièce l'Etoile Noire, d'Arezki Mellal (Barzakh 2008), la pièce est une projection dans un avenir où les deux amoureux se retrouvent après avoir fait leur vie chacun de son côté. Et ces personnes ne sont autres que Kateb Yacine et sa cousine Nedjma. La femme qui est devenue Nedjma est seulement une passionnée de sa patrie, mais au même temps cultivant une colère pour ce qui est arrivé à toutes ces personnes qui ont payé de leur vie pour voir l'Algérie libre. Yacine, ce poète fou comme le surnomme sa cousine, parle de sa vision du monde et de la révolution. Un combat sans merci s'est produit entre le couple. En effet, le poète retrouve l'amour qu'il a connu à ses 16 ans, mais aussi a droit aux reproches pour l'avoir laissé pour une révolution qui a connu de grands noms comme lala Fatouma, ou le valeureux Ali la pointe et Hassiba Ben Bouali qui ont péri pour défendre une cause juste. En effet, avec rage et courroux, Nedjma criait son désarroi de voir le pays dans un éternel champ de bataille comme celui de la décennie noire et de ces femmes qui n'ont toujours pas acquis leur liberté. Le poète fou se justifiait pour lui faire comprendre que cela n'a pas été fait pour rien du tout, bien au contraire, c'était pour sauvegarder leurs idéaux et leur honneur. Concernant la mise en scène, tout était parfait, les comédiens habillés en noir étaient éclairés d'une lumière sombre virant dans le rougeâtre. Dans l'extrémité de la scène se trouvait un musicien chanteur, Nour-Eddine Saoudi à la guitare, qui, dès le début de la représentation, avait repris l'air de l'hymne Mawtini en Bab El Oued. En fait, la chanson parlait du temps d'avant et d'après guerre d'Algérie. Une autre chanson, très poignante dans ses paroles, parlait de la maladie de Kateb Yacine, sur un jeu de mot très subtile par rapport aux globules blancs et rouges qui signifiaient le sang des compatriotes versé durant ces années avant et après la guerre et le blanc, bien sûr, caractérise la paix et la pureté tant attendues. L'Etoile et la comète est une pièce moderne, dont le chant et la danse faisaient partie du spectacle. La collaboration artistique de la chorégraphie est de Nacéra Belaza, la grande artiste de danse contemporaine. Tout au long de la pièce, Nedjma était enchaînée à un mur, cela projetait l'image d'une femme prisonnière par sa passion et par sa colère envers ce poète fou et ce pays dont son peuple ne voit toujours pas d'issue vers le bonheur. La pièce était interprétée par six comédiens, Nedjma par Tounès, accompagnée de 4 jeunes comédiens, Tarik Bouarara, Malika Guemat, Fatoum Habib et Mohamed Bouallag. Les hommes interprétaient le rôle du poète en insistance et répétition et les deux femmes celui de Nedjma. À la fin de la représentation, le public était ravi et content de voir le chef d'œuvre d'Arezki Mellal revisité, mais aussi de voir les problèmes sociaux que connaît le pays abordés sans tabous.