Le Front des forces socialistes (FFS) n'a pas, comme de coutume, lésiné sur les mots pour tirer à boulets rouges sur le ministre délégué chargé des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia l'accusant “d'attiser le feu” à Berriane, une région en proie à des violences depuis maintenant plusieurs semaines. Lors d'un point de presse animé hier au siège du parti à Alger en marge de la tenue d'une conférence, dans le cadre des activités de l'école politique du parti, sur le thème “contribution à l'analyse de la crise de l'université algérienne”, le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, a qualifié Ould Kablia de “pyromane”. “Il accuse des partis d'interférer dans la situation, alors que c'est l'administration qui s'interfère dans les organisations”, a affirmé Tabbou. “On veut gérer les uns et les autres par une politique de terreur et de chantage”, a-t-il ajouté. Selon Tabbou, un groupe de 17 militants du parti dont des élus sont convoqués à Ghardaïa sans “motif apparent” et devraient répondre à une série de questions. Un procédé qui participe, soupçonne le parti de Hocine Aït Ahmed, d'une volonté de l'administration de suspendre les élus puisqu'une disposition de la loi permet au wali de suspendre les activités d'un élu si celui-ci a des “démêlés” avec la justice. “Il y a une démarche pour punir le parti, on veut l'empêcher d'avoir des racines dans cette région”, soutient-il. “Ould Kablia veut coopter des structures archaïques et ancestrales et empêcher l'existence de structures démocratiques”. “On veut tuer dans l'œuf la participation de la population aux affaires de la cité (…) ils ne veulent pas que le FFS ait un droit de regard sur les travers de l'administration locale notamment dans la gestion de la catastrophe des inondations de Ghardaïa”, dit-il. Conscient des enjeux de la représentation populaire à travers notamment le mouvement associatif, le FFS entend dès lors organiser bientôt un forum des maires sur le développement et le soutien au mouvement associatif. “On a l'ambition de rendre visible le mouvement associatif et le conforter dans son autonomie et son action”, a dit Tabbou. 20 000 étudiants inscrits dans les universités françaises Cette sortie venait de clore la conférence sur la situation de l'université algérienne, le sujet du jour de l'école politique et qu'a animé l'enseignant chercheur, Farid Cherbal. Pour le premier secrétaire du FFS, l'université doit subir une transformation radicale, profonde et sérieuse. “L'université doit redevenir un des acteurs de la construction de l'Etat et de la Nation. Elle doit cesser d'être le lieu de mise en veille des chômeurs, c'est-à-dire la salle d'attente sociale. L'université doit être à l'avant-garde des luttes pour la liberté, la justice, l'Etat de droit, la paix, la démocratie”. Un avis partagé par Farid Cherbal. “Nous n'avons pas une politique de l'enseignement supérieur et de recherche scientifique qui fixe les priorités stratégiques et les besoins qui structurent la pérennité du pays, on gère plutôt les flux”, observe t-il. Après un survol de l'évolution de l'université algérienne depuis l'indépendance nationale, il énumère les acquis mais aussi les éléments de la crise de l'université. S'il relève un nombre appréciable de centres universitaires et de prestations (64 établissements universitaires à travers 41 wilayas, 1million 200 mille étudiants, 81 % de boursiers, 52 % de taux d'hébergement…etc.) comparés aux autres pays, l'équivalence des diplômes durant les années 70, Farid Cherbal restitue cependant les éléments qui ont entamé la descente aux enfers de l'université algérienne. Dans ce contexte, il rappelle que 20 000 étudiants algériens sont inscrits aujourd'hui dans les universités françaises.