“Opération aérobic” est le nom de la mission que des éléments des forces spéciales britanniques (Special Air Services) devaient effectuer au nord du Mali pour libérer leur compatriote Edwin Dyer, aux mains d'Al-Qaïda Maghreb pendant quatre mois et tué le 31 mai dernier. L'intervention devait avoir lieu quelques jours avant l'expiration du délai d'exécution fixé par les ravisseurs. Une centaine d'hommes d'une unité héliportée avait été entraînée et tenue prête à intervenir à tout moment. Le plan de l'assaut aurait été mis au point en étroite collaboration avec des forces militaires de la région, dont l'ANP. L'opération était programmée de nuit. Des drones équipés de systèmes de navigation à infrarouge devaient guider le commando lors de sa progression vers le camp d'Al-Qaïda. En quelques secondes, les soldats devaient neutraliser les terroristes, délivrer l'otage, grimper à bord d'un hélicoptère et quitter rapidement la zone. Mais à la dernière minute, alors que le commandement des forces spéciales attendait le feu vert des hautes autorités militaires pour lancer ses hommes à l'assaut des ravisseurs, un contre-ordre a été émis, annulant la mission. Selon un membre de cette unité d'élite qui s'est confié au quotidien britannique The Sun jeudi dernier, le Foreign Office serait à l'origine d'une telle décision. Des responsables du département de la Défense auraient convaincu le secrétaire d'Etat, David Miliband, qu'une opération commando serait trop risquée, compliquée et pourrait coûter la vie à l'otage. Interrogés sur la question, des représentants du ministère des Affaires étrangères ont indiqué que le secrétaire d'Etat n'est pas responsable de l'annulation de la mission des forces spéciales. En réalité, tout porte à croire que le gouvernement britannique a privilégié jusqu'au bout la voie du dialogue, pensant sans doute que les ravisseurs allaient finir par libérer M. Dyer. À l'annonce de son exécution, le Foreign Office semblait même surpris, arguant le fait que les négociations avec les terroristes avançaient bien. Or, selon un médiateur (un dignitaire du nord du Mali ayant requis l'anonymat), qui s'est confié au Times, il y a quelques jours, le sort de l'otage britannique était scellé deux jours avant son assassinat, quand ses ravisseurs ont été définitivement convaincus que Londres ne versera aucune rançon pour sa libération. Rapportant les propos que lui a tenus le chef du groupe, l'Algérien Abdelhamid Abu Zeid (de son vrai nom Hamid Essoufi), l'intermédiaire a indiqué que celui-ci a injurié les Britanniques, disant que les musulmans ne doivent pas avoir de relations avec eux, car ce sont des mécréants et que c'est au nom d'Allah que Dyer allait être tué. Se faisant plus menaçant, il a affirmé que tout Occidental qui s'aventurerait dans le Sahara connaîtra la même destinée. Le médiateur révèle que l'otage britannique a été séparé de son codétenu (le Suisse Wermer Gretneir) devant ses yeux. “Quand les terroristes l'ont emmené, il savait ce qui l'attendait. Il avait les mains attachées. La peur se lisait sur son visage et il pleurait”, raconte le témoin. Celui-ci a indiqué avoir entendu deux coups de feu au moment où il quittait le camp. Selon lui, M. Dyer aurait pu être tué par balle avant d'être égorgé. Dans une déclaration condamnant l'exécution, le Premier Ministre britannique, Gordon Brown, a évoqué “un acte terroriste barbare”. Dix jours après cet assassinat, l'otage suisse demeure toujours en captivité. C'est en janvier dernier que les deux hommes, ainsi que deux femmes, une Allemande et l'épouse de Greitner, ont été enlevés à la frontière entre le Mali et le Niger, alors qu'ils revenaient d'un festival touareg.