À l'instar de tous les pays du globe, l'Algérie est en alerte quant à l'introduction de la grippe porcine à l'intérieur de ses frontières. Peut-être jamais l'image du monde, réduit à la proportion d'un village, n'a été aussi réaliste. Avec la rapidité des transports modernes et la grande mobilité des gens à travers les pays et les continents, il n'était point possible de dire, en avril déjà à l'apparition des premiers cas de grippe porcine, que l'Algérie est très loin du Mexique et que sa population est, en conséquence, protégée contre le virus H1N1. Maintenant que le syndrome a fait du chemin jusqu'à arriver au Maroc et que l'arrivée des émigrés pour les vacances d'été est éminente, la menace est devenue palpable. Pour cette raison, les autorités sanitaires du pays ont mis, dans un premier temps, 18 wilayas (Alger, Jijel, Béjaïa, Sétif, Skikda, Annaba, Guelma, Biskra, Batna, Oran, Ghardaïa, Chlef, Mostaganem, Ouargla, Adrar, Illizi et Tamanrasset) les plus exposées au risque sur une liste rouge. Elles ont pris, selon les porte-parole du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, des mesures de prévention (surveillance épidémiologique des frontières terrestres et aériennes, notamment). Le ministère de tutelle a été doté, par le Conseil des ministres, d'une enveloppe budgétaire de 800 milliards de dinars, pour mener à bien sa campagne. Il n'en demeure pas moins, selon des Algérois qui sont rentrés récemment de pays touchés par la grippe porcine, que ces mesures ne sont pas perceptibles. Aucun contrôle n'est opéré sur ces voyageurs (prise de température, particulièrement). On ne leur remet qu'un prospectus, émis par le ministère de la Santé, qui leur indique la procédure à suivre dans le cas de manifestations symptomatiques de la grippe incriminée (ces symptômes ne sont pas, clairement, expliqués dans la note distribuée aux voyageurs). On leur fournit des numéros verts à contacter alors, sans leur recommander clairement de ne pas se rendre, par leurs propres moyens, comme le font les autorités françaises à titre d'exemple, à l'hôpital ou autre structure sanitaire, au risque de transmettre le virus à d'autres personnes. À ces failles de communication dans ce qu'il convient de considérer comme une précaution contre la propagation du mal en Algérie se greffe la non-disponibilité systématique de masques de protection dans les pharmacies. Selon des médecins spécialisés en épidémiologie, le pays ne pourra pas faire face efficacement à une éventuelle épidémie, car il n'est pas réellement préparé à cette éventualité.