Jusqu'à il y a quelques mois, la wilaya de Bordj Bou-Arréridj n'était qu'une zone de transit pour les groupes islamistes armés. L'attentat de mercredi dernier a plongé la population dans un climat de psychose sans précédent. D'aucuns se demandent comment les terroristes ont-ils réussi à mener leur sale besogne en prenant le temps de mutiler leurs victimes et à prendre la fuite après avoir récupéré leurs armes ? Des sources bien informées soutiennent que les terroristes, dirigés par l'“émir” de la zone II, Abdelmoumen Rachid alias Abou Younes Hodheifa El Djound, ont bénéficié, en plus de renforts venus de Béjaïa et de Jijel, si ce n'est de la complicité d'un réseau de soutien qui les auraient bien renseignés, de l'apport des nouvelles recrues apportant avec elles de précieuses données sur les mouvements des services de sécurité, notamment ceux chargés d'assurer l'escorte des ressortissants chinois travaillant sur le projet de l'autoroute Est-Ouest. D'ailleurs, certains des terroristes, écumant les maquis de la région, ont été identifiés comme étant originaires de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. C'est le cas de Billal Hirèche, alias Abou Oubeïda. Ce dernier, âgé de 24 ans, était, jusqu'à il y a quelques mois, étudiant à l'université de Bab Ezzouar. Natif du petit village de Colla, situé à 30 kilomètres de la ville de Bordj Bou-Arréridj, Billal H. est une nouvelle recrue dans les rangs du GSPC. Par ailleurs, on n'écarte pas l'éventualité que des terroristes de nationalité étrangère aient participé au massacre d'El-Mansourah. Rappelons qu'au mois d'avril dernier, deux islamistes armés ont été éliminés par les services de sécurité, dans la région de Béni Ougag, dans la commune de Bendaoued, à l'extrême nord-est de Bordj Bou-Arréridj, faisant jonction avec la wilaya de Béjaïa. Cette opération est intervenue quelques semaines après qu'un cantonnement de la garde communale eut été pris pour cible par un groupe armé estimé à au moins une cinquantaine d'éléments, dont 4 ont été neutralisés par les services de sécurité. L'un des terroristes a été identifié comme étant d'origine mauritanienne. Au-delà des complicités qu'ils comptent dans la région, les groupes terroristes qui y activent sont considérés par certaines sources au fait de la situation sécuritaire comme groupes de “réserve”. Lors de l'attaque de Béni Ougague, au nord-est, et celle de Mansourah, à l'ouest, leur nombre est le même, soit une cinquantaine. Un groupe qui ne se manifeste que sporadiquement, afin de desserrer l'étau sur une région ou une autre. À juste titre, à côté de Mansourah, dans les monts d'Adekar, et à Béni Ksila, les forces de l'ANP mènent des opérations de ratissage d'envergure, visant à déterrer un groupe terroriste qui se serait réfugié dans les maquis de Tala Hamdoune et Tala Kelaâ. L'attentat de mercredi renseigne que le GSPC est en train de généraliser le mode opératoire utilisé jusqu'à il y a quelques mois par Lemloum, l'“émir” de la région de Jijel. Une première action de diversion est suivie par la principale. L'attaque de mercredi semble pourtant avoir des similitudes avec l'attentat qui a ciblé, en mai dernier, un convoi de l'armée qui rentrait d'une opération de ratissage dans la wilaya de Biskra. 9 militaires ont été tués et 17 autres blessés, dont certains grièvement. Un procédé que Lemloum, “émir” de la région de Jijel, a initié, il y a plus d'une année, à savoir mener deux attaques consécutives, en ciblant dans un premier temps des civils ou des étrangers, afin de mieux appâter les services de sécurité, dans un second temps.