La grève de trois jours, lancée par l'Association des commerçants de Tigzirt (40 km au nord de la ville de Tizi Ouzou), a été totalement suivie. En effet, depuis mercredi et jusqu'à hier, Tigzirt, une ville très animée durant la saison estivale, a été totalement paralysée. À l'exception d'une pharmacie de garde, aucun autre commerce n'a ouvert ses portes. “C'est bizarre, ça ressemble au mois de Ramadhan. Tout est à l'arrêt. Il n'y a même pas où acheter une cigarette”, nous dira Ahmed, un quinquagénaire rencontré en ville. Une virée à travers les ruelles du chef-lieu nous a permis de confirmer ses dires en constatant la paralysie totale de Tigzirt. Même la circulation piétonne ou automobile paraissait, hier, très faible. Les citoyens de la région préfèrent s'enfermer chez eux en pareille situation. Certains commerçants se sont attablés devant leurs magasins fermés. “Oui, nous sommes en grève. Nous faisons confiance à notre association pour faire aboutir nos revendications”, nous a indiqué Achour, un des commerçants du centre-ville. “C'est vraiment rien par rapport aux problèmes que nous vivons chaque jour. Et puis, on ne peut rien avoir sans sacrifices”, enchaîne-t-il. La même morosité règne à travers les différentes plages et au niveau du nouveau port où l'on a constaté une absence totale d'estivants. La protestation des commerçants a eu son impact sur tous les visiteurs de Tigzirt. “Bien sûr que je comprends les protestataires. Leurs revendications sont légitimes. En plus de leurs droits, ils luttent pour l'amélioration des conditions d'accueil des estivants. Je salue leur formidable union”, nous dira Samir, un jeune estivant rencontré sur la plage. Hamid, un autre commerçant, dira s'excuser “auprès des clients et des estivants, mais nous n'avons pas le choix. Malheureusement, l'asphyxie gagne de plus en plus les commerçants et l'économie de la ville, d'où la contrainte de recourir à ce genre de protestation, tout en revendiquant aussi l'amélioration des conditions d'accueil et de séjour des estivants”. Appréhendant l'action des commerçants, les Tigzirtois ont pris leurs dispositions. Ils se sont ravitaillés dès mardi dernier. “Pour les besoins alimentaires, nous avons eu recours à des stocks. Dans le cas de petits besoins, nous nous déplaçons vers des communes limitrophes”, fera remarquer Ali. Cette grève de trois jours est la 3e action de protestation des commerçants locaux qui réclament notamment l'ouverture des routes fermées à la circulation depuis près de 15 ans pour des raisons sécuritaires, l'allégement des impôts, l'alimentation régulière en eau, une bonne gestion des sites touristiques et un accueil efficace des estivants en régulant la circulation automobile, notamment. Mourad Hammami