La France sarkozienne, championne de l'exception cultuelle au point de s'opposer à l'entrée de la Turquie au sein de l'UE pour différences religieuses, veut interdire sur ses territoires le port du voile sous ses différentes formes. L'idée a été défendue par la secrétaire d'Etat à la Ville, Fadela Amara, une transfuge de la gauche, devant une soixantaine de députés qui demandent une commission d'enquête parlementaire sur cette atteinte aux libertés fondamentales des femmes. Ces histoires de burqua, de niquab et de foulards sont à inscrire, selon des observateurs, dans la politique de fuite en avant des autorités françaises face à la crise qui sévit sévèrement en France. C'est l'autre pendant des campagnes au nom du tout sécuritaire. Le débat relance la question du port du voile en France, pays laïc qui ne reconnaît et ne subventionne aucun culte, mais abrite la plus importante communauté de personnes de confession, de culture ou d'origine musulmane en Europe. Si pour cet aréopage, réuni pour la circonstance, "il est hors de question qu'on voie en France des femmes couvertes de la tête aux pieds, en tout cas la République n'a pas à l'encourager", en bémol, le ministre de l'Immigration, Eric Besson, un autre transfuge du PS, a déclaré qu'à titre personnel, il s'opposait à l'interdiction en raison du principe de liberté de conscience. En fait, plus au fait que les partisans de l'inquisition contre le voile, ce nouveau proche de Sarkozy est persuadé que toucher à l'équilibre en vigueur sur cette question lui paraît risqué. A-t-il en tête le danger du choc des civilisations ? Le réexamen du voile intervient après que le président Obama eut botté en touche son homologue français sur la question. Depuis 2004, la France interdit le port à l'école de signes religieux ostensibles, le voile musulman, la kippa juive, le crucifix ou encore le turban sikh. Cette loi a été critiquée au niveau européen et dans le monde musulman. Une interdiction extrascolaire limitée au voile musulman risquerait de se heurter à plusieurs principes fondamentaux, comme la liberté de conscience et de religion, rétorques les juristes français.