Tout le monde l'a constaté ces jours ci, les émigrés arrivent, et en grand nombre, accompagnés de leur progéniture pour se ressourcer au pays. Dans les wilayas de l'Est, l'affluence est grande, on les rencontre un peu partout, c'est le cas dans la wilaya d'Oum El-Bouaghi laquelle en compte un grand nombre. Les vacances au bled ça mérite le déplacement : la famille, la grande bleue, les grosses dépenses, les mariages et les veillées jusqu'au petit matin, sont le lot quotidien de ces Algériens vivant sous d'autres cieux. L'exemple par excellence demeure celui de ceux vivant en France. Fini les colis, fini les valises. La deuxième génération qui suit de très près ce qui se passe en Algérie, a supporté le double déchirement, tiraillée entre deux cultures. Le “beur” a remplacé le “bougnoules”. Leur arrivée rime toujours avec commerce et animation. Il est vrai que les coutumes sont perturbées, les valeurs confondues, Cette génération est différente. Ces jeunes sont différents, ne prennent presque plus leurs repas à la maison, pas de marmite, pas de galette, pas de chorba, même le Ramadan n'a pas ses caprices. On préfère “léger” : frites, Mac Do, grec, merguez, pois chiches dans les gargotes. Lorsqu'ils sont en Algérie, leurs préférences vont vers les salades à la tomate, l'oignon, les brochettes, très rarement vers les plats traditionnels qu'on aimait tant autrefois… Les filles venues de là-bas ont horreur des bijoux, particulièrement quant c'est leur mère qui se couvre avec. Elles ont horreur des cortèges, du maquillage et sont terrifiées des conditions du mariage (dot…). Elles trouvent “anormal” qu'on trainaille avec les bébés dans la rue, ou qu'on délaisse les enfants lors des fêtes. Elles respectent beaucoup les grand-mères qu'elles appellent “mamie”. Un jeune de 21 ans, résidant à Montreuil, région parisienne, passe chaque été ses vacances en Algérie, rencontré dans un magasin, il nous dira : “Ce qui compte pour moi c'est la chaleur familiale, les gens sont accueillants, sociables. Ce n'est pas comme en France où tout le monde se méfie de tout le monde.” Et de poursuivre : “Ici il fait trop chaud, on est obligés de faire la sieste, là-bas la journée commence à 14h.” Pour lui ce qui est frappant en Algérie c'est soit on est riche soit on est pauvre. Il fait même un autre constat : “Les jeunes d'ici ne veulent pas travailler, ne bougent pas, ils s'habillent bien. Si l'on veut un tel train de vie, il faut se donner les moyens. Ils ressentent comme du dégoût, les journées sont très longues, c'est l'effet peut-être de la parabole, l'image qu'on y montre n'est pas la réalité. Ils croient que l'Europe c'est le paradis, ceux qui arrivent là-bas galèrent, ça n'est pas facile l'Europe, même si travail il y a, c'est au noir d'autant que c'est illégal et objet d'inquiétude. Aujourd'hui, pour éviter les mariages mixtes, c'est au bled qu'on va dénicher l'oiseau rare. En cette période, on débarque et on expose, généralement on tâte dans l'entourage familial d'abord, le rêve d'une carte de séjour contre celui d'un foyer, d'une certaine stabilité. Les nouveaux émigrés, parmi les jeunes partis il n'y a pas longtemps, se débrouillent mieux que certains “banlieusards” qui, chaque jour, prennent le même bus, la même ligne et rencontrent les mêmes visages. On dit que leur existence est ignorée. Il y a bien entendu ceux qui ont percé, ils sont, cadres, patrons, artistes enseignants… mais ne franchiront jamais la ligne de la réussite totale. Les villas construites en Algérie par les parents ne seront jamais habitées. Le labeur de toute une vie, à l'abandon ; on prend quand même le soin de peindre, d'entretenir l'espace d'un “court séjour”. Les émigrés de la deuxième génération, en vacances en Algérie, s'ennuient vite, ils aiment l'animation, l'ambiance. Ils ont besoin de s'amuser. Ils connaissent par ailleurs, parfaitement, les créneaux porteurs en matière d'investissement, mais ils sont quelque part réticents. Faudrait-il leur expliquer, les aider, les orienter. La communauté émigrée renferme un potentiel très important de cadres de maîtrise technique, d'hommes d'affaires et de retraités, des expériences fort utiles pour le développement de l'Algérie... Fera-t-on l'effort de les impliquer, de les intéresser ?