Il y a 100 mandats d'arrêt internationaux diffusés par Interpol à la demande des autorités judiciaires algériennes et 20 demandes d'extradition émanant de l'Algérie, a déclaré, hier, M. Benyamina Abed, chef du Bureau central national (BCN) d'Interpol à Alger, en marge d'une rencontre sur l'entraide judiciaire dans le cadre des enquêtes d'Interpol organisées à l'école de police criminelle de Saoula. Le chef du BCN précise que ces mandats d'arrêt concernent en premier lieu les affaires liées au terrorisme. Mais il y a également des demandes d'extradition pour des faits autres, telle la demande d'extradition dont ont été destinataires les autorités belges, le 19 avril, de cette année pour vol accompagné d'agression. Le mis en cause a été relaxé par la justice belge, mais se trouve en centre fermé à Bruges en attente de son expulsion de la Belgique. C'est le cas aussi d'un ressortissant roumain objet d'un mandat d'arrêt diffusé par les Italiens à la suite d'une demande d'extradition formulée par les autorités algériennes et envoyée à l'ambassade d'Italie à Alger, le 30 avril 2007, pour les chefs d'inculpation d'avoir fait fuir un navire en dépit de la saisie conservatoire et pour crime et sabotage économique. L'extradition n'a pas été accordée au Bureau central d'Interpol Algérie. Au total, le pays a obtenu ces quatre dernières années l'extradition de 15 personnes, notamment de la France, Italie, Ukraine et a extradé vers la France trois personnes. Par ailleurs, l'Algérie a formulé 2 demandes en 2007 et 9 en 2008 en direction des pays de l'Union européenne et 1 demande vers les pays du Méda en 2008, dans le cadre d'assistance judiciaire en matière pénale pour la lutte contre le terrorisme. En parallèle, l'Algérie a été destinataire de 17 demandes d'assistance judiciaire en matière pénale dans le cadre de la lutte contre le terrorisme de la part des pays de l'UE en 2007 et 30 en 2008 contre 1 en 2007 et 17 en 2008 de la part des pays Méda. Concernant le recouvrement de l'argent blanchi à l'étranger, le sous-directeur des affaires pénales et des procédures de grâce au niveau du ministère de la Justice, M. Mokhtar Mokhtari, soutient qu'il est possible d'arriver à un résultat dans le cadre de la convention des Nations unies de 2003 et dans le cadre des relations bilatérales, car les procédures unilatérales qui passent par la désignation des experts et d'enquêteurs payés par l'Algérie sont très coûteuses. S'agissant de l'argent blanchi dans le pays, il provient surtout du trafic de drogue. Le pays a été sollicité à plusieurs reprises par des pays étrangers pour mener des enquêtes. “Des saisies ont été opérées et des avoirs ont été gelés”, soutient M. Mokhtar Mokhtari. Enumérant les obstacles que rencontre l'Algérie dans le cadre de l'entraide judiciaire internationale, il cite, en premier lieu, le fait que beaucoup de pays ne croient pas en l'utilité d'une telle démarche et, en second lieu, des considérations politiques et des arguments liés au respect des droits de l'Homme. “Nous, nous voulons mettre en avant la réciprocité. Il y a ce qui est codifié dans les conventions et il y a les bonnes pratiques. Nous voulons consacrer cette méthode au sein du BCN.” Interrogé sur les embûches rencontrées dans le cadre de la demande d'extradition de Moumen Khelifa de Grande-Bretagne, le sous- directeur des affaires pénales réplique qu'il ne veut pas “parler d'un dossier précis”. Toutefois, un peu plus tard, il consent à dire que les procédures d'extradition des Britanniques reposent sur la preuve. Dans la mesure où les Britanniques, contrairement à notre pays, extradent leurs nationaux, ils doivent prendre des précautions. “Mais je ne veux pas me focaliser plus sur cette affaire.” Sollicité également pour donner des informations sur l'arrestation en Inde du fils de Abassi Madani, il répond qu'il veut rester confiné “dans un rôle pédagogique”, cette question étant, selon lui, sans aucun rapport avec le thème de la rencontre. Nous apprenons, par ailleurs, que les infractions, tous types confondus, ont baissé de 5,53% entre 2006 et 2008. Les infractions à la législation des changes sont passées de 1 387 en 2006 à 1 050 en 2008, contre 787 affaires en justice pour émission de chèques sans provision en 2008. Durant la même année, la justice a enregistré 460 dossiers pour atteinte à l'unité nationale et stabilité des institutions, 12 697 pour trafic de drogue et 26 445 atteintes à l'intégrité du corps. À noter que cette rencontre, qui a regroupé des procureurs de la République, des cadres de la Police judiciaire et de la cellule du traitement du renseignement financier se poursuivra jusqu'à mardi prochain.