L'instruction se poursuit à la cour de Blida où des personnes continuent à être auditionnées. Mohamed Bouricha, ex-wali de Blida, risque de toute évidence d'être poursuivi en justice pour abus de confiance et détournement de deniers publics. “Il n'est pas exclu qu'il soit poursuivi”, assure Abdelhamid Sahel, procureur général de la cour de cette wilaya. L'engagement de poursuites se fera au terme de l'instruction confiée à la Cour suprême. Bénéficiant du privilège de juridiction, l'ancien premier responsable de Blida sera jugé dans une autre wilaya. L'arrestation de son fils à la mi-mai, pour un sombre trafic de voitures, consolide les soupçons portés sur lui. Les suspicions des magistrats s'élargissent à tout son entourage. À ce jour, des personnes sont encore auditionnées par le juge instructeur. C'est du moins ce que révèle un collaborateur de M. Sahel. Le procureur général s'exprimait, hier, en marge d'une visite effectuée en compagnie de l'ensemble des magistrats de la cour, à leur tête le président Touati Seddik, au siège de la direction nationale de la Police judiciaire. Ce déplacement très didactique avait pour finalité de familiariser les juges avec les nouvelles techniques d'investigation et la mise en place d'une collaboration étroite entre la police et la justice à Blida. L'importance des affaires traitées par la cour locale, dont celle de l'ex-milliardaire Abdelmoumène Khalifa, exige de ses fonctionnaires une connaissance précise et la maîtrise des dossiers. Au cours de leur périple dans l'antre de la direction de la PJ, le procureur général et ses accompagnateurs se sont rendus au Bureau central national (BCN) et de la cellule de liaison Interpol. Le BCN est fort d'un fichier de 86 000 individus recherchés pour des activités criminelles en relation avec l'étranger. Les investigations se font au quotidien dans le cadre d'un échange d'informations avec 182 pays. Grâce à son bureau local, la Police judiciaire algérienne travaille étroitement avec Interpol. Farid Bencheikh, chef de cette cellule, a expliqué aux magistrats de Blida les bienfaits d'une telle coopération, notamment dans la recherche de terroristes et de grands bandits ou délinquants financiers. Le cas Khalifa a largement contribué à mettre en lumière le partenariat de la police algérienne avec Interpol. Cependant, il est évident que la coopération entre les polices ne suffit pas à mettre la main sur les hors-la-loi. En effet, depuis la diffusion par l'agence internationale du mandat d'arrêt contre Khalifa en 2003, aucune avancée n'est enregistrée dans ce dossier. En dépit de la localisation de l'ex-golden boy au Royaume-Uni, l'inexistence d'un accord d'extradition entre Alger et Londres empêche sa livraison. “Interpol s'est contenté de publier l'avis de recherche. Il faut voir du côté de la justice si quelque chose est fait”, fait observer M. Bencheikh. Interrogé sur ce sujet, le procureur général de Blida s'est abstenu de faire le moindre commentaire. SAMIA Lokmane