À l'issue d'un procès qui a duré toute une semaine et de deux jours de délibérations, le président du tribunal criminel près la cour de M'sila a prononcé le verdict, dans la soirée du mercredi dernier, dans l'affaire de Djebel En-Naga. Ainsi, 6 inculpés dont le fils de la première victime qui a été écrasée par le fils du propriétaire de l'hôtel, ont été condamnés à 10 années de prison ferme pour homicide volontaire. Quant au frère du propriétaire de l'hôtel et un videur, qui ont tiré sur la foule causant la mort de 3 manifestants, le tribunal qui a requalifié les faits en légitime défense, les a condamnés à 3 ans de prison ferme. Les inculpés pour incendie et destruction de biens publics et d'autrui, au nombre de 8 sur 87 au total, ont été condamnés à 5 ans de prison ferme. Pour 8 autres, il a été prononcé une peine de 3 années de prison dont 2 avec sursis pour pillage. 13 autres personnes ont été condamnées à une année de prison ferme pour attroupement sur la voie publique. La cour a également prononcé l'acquittement pour 41 autres personnes déclarées non coupables pour absence de preuves. Notons que la lecture du verdict s'est déroulée dans une ambiance tendue ; d'ailleurs, la cour s'est retirée à plusieurs reprises pour calmer les esprits. La cour était quadrillée par un important dispositif sécuritaire après l'annonce du verdict. À Sidi-Aïssa, les rues étaient quasiment désertes. Rappelons que des incidents ont éclaté l'année dernière suite à la mort de Arbaoui Saâd, dit Bariasse, âgé de 51 ans, qui avait eu une altercation avec le fils du propriétaire de l'établissement hôtelier Djebel En-Naga qui l'a écrasé mortellement avec sa voiture. Au retour de l'enterrement, la foule qui a assisté aux funérailles a considéré la mort de Bariasse comme une hogra du fait que le fils du propriétaire de l'hôtel aurait bénéficié d'une certaine impunité. La proximité de cet hôtel avec un bar et une boîte de nuit ne serait pas étrangère à ce qui s'est passé, selon des habitants. “Les citoyens se sont insurgés contre l'existence d'un bar et d'une boîte de nuit en milieu urbain. Certains avaient trouvé dans ce qui s'était passé une raison supplémentaire pour en finir avec cette situation”, ajoutent-ils. De nombreux manifestants se sont alors rassemblés devant l'entrée de l'hôtel En-Naga. La réaction des vigiles de l'établissement a été expéditive. Ils ont utilisé leurs armes à feu pour tirer sur la foule, causant la mort de trois émeutiers. La colère est montée d'un cran au sein des émeutiers. La foule a décidé ainsi de forcer le portail de l'hôtel. Une fois à l'intérieur, c'est la panique générale. Le personnel, les clients et les gérants tentent de résister à la foule, mais le nombre et la colère des citoyens étaient plus forts que les portails blindés et les fusils à pompe. Les manifestants s'en sont pris à tout, rien n'a été épargné. Avant de mettre le feu à l'hôtel, les manifestants ont tout cassé et pillé. À l'aide de torches, ils ont mis le feu à l'édifice. Le propriétaire n'a pas échappé à la colère des manifestants. Traîné sur plus de 300 mètres, il a rendu l'âme sous les coups de pierre. Le bilan de ces incidents a fait état de 4 morts dont le propriétaire de l'hôtel B. L., 62 ans, et 3 manifestants, O. S., 26 ans, S. S., 33 ans, et L. A., 38 ans. Pour les blessés, on en a enregistré 63 dont 8 femmes et plus d'une vingtaine de véhicules incendiés.