De lourdes peines ont été prononcées par le tribunal criminel de Biskra à l'encontre des principaux accusés dans l'affaire des violences commises contre les femmes d'El Haïcha, à Hassi Messaoud. Le procès de ce lundi s'est déroulé en présence de six inculpés seulement. Le parquet a requis une peine de 20 ans de prison ferme à l'encontre des six personnes incriminées, alors que la défense a demandé l'acquittement. Pas question pour la justice. Celle-ci, après délibérations, prononce une condamnation de 8 ans de prison pour le principal accusé (A.B.), 6 ans pour A.R.A. et 3 ans de prison ferme pour A.B.B., tandis que les trois autres accusés ont été acquittés. Le verdict du tribunal poursuit son cours, 20 autres accusés dans la même affaire ont été condamnés par contumace à une peine de 20 ans. Deux autres incriminés ont été également condamnés à 10 ans et enfin une autre personne à 5 ans. Le procès qui est, semble-t-il, loin d'être une simple affaire criminelle a fait, rappelons-le, l'objet de plusieurs reports. Les faits remontent à la mi-janvier 2001, lorsqu'un groupe d'individus a attaqué le bidonville d'El Haicha, situé dans la ville pétrolière de Hassi Messaoud. 38 femmes ont été ce jour-là, soit la nuit du 13 au 14 juillet 2001, l'objet de viol et d'agression. 29 suspects ont été interpellés et accusés de viol, attentat à la pudeur, violence, destruction volontaire de bien d'autrui, vol qualifié, attroupement, coups et blessures volontaires et violation de domicile. Faut-il reconnaître que le procès en appel, prononcé lundi à l'encontre des incriminés, met fin ainsi, en sa qualité de dernier épisode, à une affaire qui a laissé planer de lourdes interrogations mais aussi qui a fait couler énormément d'encre. Le 3 janvier 2005, c'est l'énième face-à-face entre les coupables et les victimes après plus de 3 ans d'attente. Faut-il rappeler que l'affaire a été programmée pour la première fois le 15 décembre de l'année écoulée. Elle a fait l'objet de report pour le 28 du même mois et ce, dit-on, afin de permettre aux inculpés de préparer leur défense. Lors de la dernière comparution, l'on a constaté aussi l'absence d'une trentaine de mis en cause qui, selon les dires de la justice, n'avaient pas répondu aux convocations de la cour. En outre, les précédentes audiences faites, rappelons-le, dans des conditions difficiles et floues, ont eu comme effet l'amnistie d'un bon nombre d'entre eux et la condamnation de certains autres à des peines plus ou moins légères, tandis que les autres chefs d'inculpation à savoir le viol, violence, vol, attroupement, coups et blessures volontaires et violation de domicile ont été écartés par la cour. Des réactions d'indignation quant au retard accusé dans cette affaire ont été manifestées maintes fois par la société civile, dont des associations féminines à l'instar de l'Association féminine pour l'épanouissement de la personne et l'exercice de la citoyenneté (Afepec), présente lundi au procès. Dans la salle d'audience, l'on a remarqué aussi la présence d'autres associations connues pour leur militantisme pour la défense des droits de la femme. Nous citons, entre autres, l'association Rachda et Tarwa Fadhma n'Soumer. Lundi, tard dans la nuit, la justice a mis donc fin à une affaire qui a pris, trois ans durant, différentes couleurs mais qui a été aussi entourée d'un silence curieux. Les victimes ont ainsi eu gain de cause et le verdict vient, dit-on, répondre aux attentes affichées par les victimes mais aussi par toute la société civile.