Résumé : Farid est pris au piège, il ne peut quitter ni sa femme ni ses enfants. Il ne veut pas lui mentir ni la berner. Il lui avoue que s'il avait été libre, il n'aurait pas hésité à demander sa main. 28eme partie Sarah le regarde avant de lancer : - On n'en est pas encore là, mais je ne comprends pas pourquoi tu as pris une femme que tu n'aimes pas. - En fait, je n'ai pas eu à choisir. La décision avait été prise par mon père alors que j'avais à peine 18 ans. Mon père avait un associé qu'il estimait particulièrement. Ils avaient travaillé ensemble de longues années et voulaient en fin de compte approfondir leurs liens en une union durable. C'était très simple, cet associé avait une fille qui devait avoir dans les 16 ans à l'époque, et la demande en mariage a été vite conclue. Mon père ne cessait de me répéter que je ne pouvais tomber sur un meilleur choix et son associé n'avait même pas consulté sa fille, pour lui les choses devaient se passer ainsi. - Donc cette femme de son côté n'avait pas eu le choix. - On peut le dire. - Mais pourquoi avoir accepté d'être le dindon de la farce ? Farid se tût un moment, puis pousse un long soupir avant de répondre. - Je ne sais pas si tu peux comprendre qu'à l'âge que j'avais à l'époque, je ne voyais qu'une chose : la fierté d'être considéré comme un homme accompli. Pour moi-même si le geste de mon père n'était pas anodin, je pensais que j'avais de la chance d'être déjà un adulte accompli, alors que les jeunes de mon âge étaient encore considérés comme des enfants. - Et ta femme dans tout ça ? Avait-elle de son côté accepté sans broncher ? - Ma femme est la fille unique. Elle était gâtée et ses parents ne lui refusaient rien. Si à cette époque elle s'était rebiffée, les choses se seraient passées autrement. Mais il se trouve que cette fille à l'époque était tombée amoureuse de moi au premier regard. - Ce qui ne me paraît pas étonnant. Tu es un très bel homme Farid. - Cela ne veut absolument rien dire. - Mais si. La preuve est que tu as vite conquis le cœur de cette femme. - Je sais. C'est pour ne pas la blesser aussi que je n'aie pas rejeté ce mariage. Ah l'inconscience de la jeunesse. - Il y a un peu d'orgueil aussi là dedans. Le sentiment de se savoir désiré et aimé. - Si tu veux Sarah. Mais cela remonte à très loin, et aujourd'hui, je n'arrive plus à me rappeler de tous les détails, sauf que ce mariage avait eu lieu deux années plus tard. Entre-temps, j'avais terminé mes études et je venais d'entamer ma vie professionnelle. Les années sont vite passées. Au début de mon mariage, j'ai tout de même essayé de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Nadjette était gentille, et faisait son possible pour m'être agréable. Mais à la naissance de notre premier gosse, tout a basculé. Elle me reprochait sans cesse mes déplacements et mes absences fréquentes. Pourtant elle savait bien que je devais me déplacer et m'absenter pour mon travail et mes affaires. Dès le début de notre mariage, je lui ai expliqué que mon travail n'était pas de tout repos. Elle paraissait comprendre. Je ne revenais jamais sans un petit cadeau pour elle. Mais soudain, c'était l'incompréhension. Et comme j'étais déjà vulnérable à tous les changements qui ont intervenu dans ma vie, le vase avait vite débordé. Ma femme prenait en exemple les filles de la famille et les voisines dont les maris avaient des horaires de travail précis. Elle ne voulait rien savoir d'autre. Nous avons déménagé pour habiter la grande ville, et même que j'avais voulu lui offrir le confort total en aménageant notre maison comme il se devait pour qu'elle ne se sente ni dépaysée ni délaissée, cela ne changea en rien son attitude envers moi. (À suivre) Y. H.