“Cette prise en charge du problème de la drogue doit se situer aussi bien en amont qu'en aval du traitement afin de devenir réellement efficace”, a affirmé le docteur Tefahi, responsable du Centre intermédiaire de soins pour toxicomanes, à Annaba. Avec une centaine de consultations par an, suivies d'une prise en charge complète, le Centre intermédiaire de soins pour toxicomanes de Boukhadra (Cist), s'il réussit pour certains cas la prouesse de conduire à l'abstinence définitive de ses patients, se trouve cependant confronté à de grosses contraintes. La première, selon les déclarations du docteur Tefahi, responsable de cette infrastructure implantée dans l'un des quartiers du chef-lieu où l'usage de la drogue est l'un des plus importants, réside dans le manque de produits de substitution nécessaires pour la désintoxication, d'où la difficulté de la prise en charge. À cela s'ajoute le grand problème de “l'après-traitement”, en l'absence de suivi familial, social et professionnel, un volet complémentaire au traitement absolument nécessaire pour éviter la récidive. “Cette prise en charge du problème de la drogue doit se situer aussi bien en amont qu'en aval du traitement afin de devenir réellement efficace”, a affirmé notre interlocutrice. Mais sur le terrain, à Annaba, les deux associations qui œuvraient jusqu'à il y a quelques années dans ce domaine ont fini par baisser les bras. Le toxicomane s'est, alors, retrouvé pratiquement seul à l'issue de la cure de désintoxication, au moment où il a besoin d'être entouré, trouver du travail et ainsi réinsérer dans la société. “Les comités de quartier se désintéressent totalement du problème de leurs jeunes qui font face au problème de la drogue, alors que leur rôle pourrait s'avérer important”, selon un employé du centre. Beaucoup de toxicomanes sont aussi abandonnés par leurs familles, qui ne peuvent plus supporter leurs sauts d'humeur et leur agressivité. Parmi les habitués du centre, se trouvent aussi bien des hommes que des femmes, “bien qu'elles hésitent encore à s'adresser à nous. La majorité sont des jeunes issus de tous les milieux sociaux, avec une prépondérance pour les personnes démunies”, explique le docteur Tefahi. En tête des produits utilisés par les toxicomanes, les tranquillisants et le cannabis, suivis de l'alcool et du tabac. Les malades qui se présentent au centre sont souvent accompagnés de leurs familles. “Mais certains reviennent pour terminer leur traitement, d'autres non.” Pour la responsable du Cist, un des trois existants dans le pays avec Alger et Sétif, “on espère toujours” qu'il arrivera un miracle avec le peu de moyens du centre, confronté à une forte demande en termes de prise en charge. Un centre qui fait de son mieux pour atténuer la souffrance des toxicomanes, mais dont les médecins semblent assez sceptiques sur l'efficacité réelle de leur démarche quand le patient, une fois le traitement fini, se retrouve seul livré à lui-même. Leur seul espoir semble s'accrocher aux nouveaux projets lancés par le ministère de la Santé publique, à savoir la création à Annaba de l'un des 15 centres de désintoxication hospitalière prévus, “avec plus de moyens pour une meilleure prise en charge, qui comporterait aussi le renforcement de l'équipe médicale”. Mais la réinsertion devrait suivre impérieusement, sans quoi, tous les efforts et toutes les infrastructures seraient inutiles. Ajoutons que ce programme du ministère de tutelle comprend aussi la réalisation de 50 autres Cist à travers le territoire.