Un jour une fillette s'égara dans le forêt. Elle se mêla à un troupeau de gazelles. Ces dernières l'adoptèrent et la nourrirent de leur lait. Plus personne n'osait s'aventurer au cœur de la forêt, car le bruit court qu'une créature mi-femme, mi-gazelle y vivait. Mais le fils du sultan ne l'entendait pas de cette oreille. Avec ses compagnons, il traqua le troupeau, dans l'espoir de mettre la main sur l'étrange créature. Agile et rapide, la femme-gazelle parvenait toujours à lui échapper. Dépité, le prince demande conseil au sage du village. “Dépose au bord de la rivière, un plat de couscous garni de viande. Si la créature en mange, c'est qu'elle est humaine. Après ce repas copieux, elle sera si lourde que tu n'auras aucun mal à la capturer !” lui dit le vieillard. Aussitôt dit, aussitôt fait. Après s'être régalée, la femme-gazelle piqua du nez. Le prince en profita pour la capturer. Il l'amena au palais et ordonna qu'elle soit lavée, habillée et parée. Et comme elle était d'une grande beauté, il en tomba fou amoureux. Bientôt leur mariage fut célébré. Quelques mois plus tard, un garçon naquit de cette union. Mais le prince était triste car sa femme ne savait pas parler. Elle ne s'exprimait que par d'étranges bêlements. Il retourna consulte le sage du village. Appliquant son conseil à la lettre, le mari s'empara d'un boyau de brebis rempli de sang, l'enroula autour du poignet de son fils et le recouvrit de la manche. Puis il fit venir sa femme et lui cria, en brandissant un couteau : “Si tu ne parles pas, je tranche la main à notre fils.” Son épouse se mit à bêler… Le prince poursuivit ses menaces. La pauvre mère hurlait des sons incohérents. Aucun mot ne voulait se former dans sa bouche. Alors le prince leva le couteau et d'un coup sec, trancha le boyau. Le sang gicla. Horrifiée, la maman poussa un cri si puissant qu'une boule d'herbe s'expulsa de sa gorge. C'est alors que le miracle se produisit : elle retrouva la parole, s'exprimant clairement au grand bonheur de son époux. Nadia Arezki [email protected]