La participation de l'Algérie à la réunion du G8 de l'Aquila, même si c'est au titre de membre fondateur du Nepad, nous invite à regarder de près les deux grands dossiers de la globalisation qui interpellent déjà — de mon point de vue — notre pays. Il s'agit de celui du changement climatique en rapport avec l'énergie et de celui du dollar comme monnaie de réserve. S'agissant du premier, la directive européenne 2008/101/CE du 19 novembre 2008, qui élargit aux compagnies aériennes étrangères, y compris celles des pays émergents, le système d'échange des quotas d'émissions de gaz à effet de serre (GES) pose déjà problème à Air Algérie. Cette dernière s'estime, à juste titre, lésée car l'accord de Kyoto signé par l'Algérie, qui est le document de référence en la matière, n'en fait pas obligation aux pays émergents. En matière de changement climatique et d'énergie, l'UE fait preuve d'un véritable activisme en exigeant la remise par les compagnies aériennes d'un plan de suivi des émissions des GES avant le 31 août 2009 pour mise en œuvre en 2010. Il ne s'agit pas de remettre en cause les politiques internationales de protection de l'environnement qui ne peuvent être que des combats d'arrière-garde, mais de procéder par étape. Car comme le rappelle le P-DG d'Air Algérie, la seule obligation qui pèse pour le moment sur l'Algérie, signataire des accords de Kyoto, est celle de remettre à l'organisme concerné de l'ONU un “rapport national sur les émissions de GES”. Ce n'est pas la première fois que l'UE met en difficulté notre pays puisque depuis quelques années déjà, les engrais et produits pétrochimiques algériens sont frappés d'une surtaxation unilatérale. Mais ce qui me désole une fois de plus, c'est que ces contraintes ne sont posées de façon publique ni par nos médias ni par nos institutions, alors que l'on retrouve dans la presse, s'agissant des circulaires Ouyahia, l'injonction d'une commissaire européenne à un de nos ministres “d'encourager votre gouvernement à reconsidérer les mesures annoncées et à explorer la possibilité de suspendre leur application”. Sans vouloir ramer à contre-courant, les autorités algériennes ont le devoir là aussi de ne pas laisser les entreprises affronter seules ces problèmes. L'Algérie devra se positionner clairement sur le package “énergie/changement climatique” non seulement vis-à-vis de l'UE, mais dans la perspective du sommet de Copenhague. Le temps est compté et les choses avancent vite. Qui aurait pu penser, il y a un an seulement, que la Chambre des représentants des Etats-Unis allait voter, certes à une faible majorité (219 voix contre 212), le “clean energy and security act” qui limite pour la première fois dans leur histoire les émissions de GES (17% en 2020 par rapport à 2005) ? À présent que la transition énergétique est bel et bien engagée et pour des raisons de stratégie à long terme, l'Algérie doit sérieusement traiter les problèmes récurrents de gaspillage dans son modèle de consommation énergétique et celui des énergies renouvelables. Le deuxième dossier est aussi important pour le pays en rapport avec nos réserves de change placées en bons du trésor américain. Ainsi, la Chine demande au G8 l'ouverture d'un débat sur sa proposition de création d'une nouvelle monnaie de réserve. Les inquiétudes sont sérieuses avec la progression de l'euro face au dollar à plus de 1,42 $. L'argumentation de la Chine, que l'on peut reprendre à notre compte, est simple. L'augmentation considérable de la dette publique américaine aura un impact sur l'inflation, ce qui va dévaloriser les avoirs libellés en dollars. Les pays du Bric avaient même avancé récemment la possibilité d'utiliser les droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI comme monnaie de réserve. Dans le même cadre, la Russie qui détient les troisièmes réserves de change du monde a vivement exprimé ses appréhensions face à la volatilité du dollar. Rappelons que l'examen d'une autre monnaie de réserve comme alternative au dollar américain n'a même pas été inscrite à l'ordre du jour du dernier G20 de Londres. Et pour cause, cela signifierait un changement fondamental dans l'un des équilibres-clés de l'économie mondiale globalisée, celui d'un équilibre financier établi à ce jour sur une base unilatérale. En attendant, l'Algérie renforce sa profondeur géostratégique africaine, confortant au passage la sécurité énergétique de l'Europe. Ainsi, un accord entre l'Algérie, le Niger et le Nigeria a été signé vendredi sur le projet du gazoduc transsaharien (TSGP) qui transportera sur 4 200 km le gaz nigérian vers l'Europe à travers le Niger et l'Algérie. Un mémorandum avait été signé en 2002 entre les compagnies pétrolières nationales nigériane (NNPC) et la Sonatrach. D'un coût estimé entre 10 et 12 milliards $, il sera opérationnel entre 2015 et 2017. Sur un autre plan tout aussi important, un autre événement a eu lieu ce vendredi. Ainsi, plus de 8 000 artistes et intellectuels africains, afro-américains et brésiliens se sont retrouvés à Alger pour le deuxième Festival culturel panafricain (Panaf), événement célébrant une seconde fois — quarante ans plus tard — l'Afrique littéraire, musicale et artistique. Avec la remontée de l'équipe nationale de football dans le Top 50, voilà de quoi faire oublier quelques soucis du quotidien.