Son Excellence l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, était en visite, hier, à Béjaïa. Invité lors d'un point de presse à commenter les mesures devant indemniser les victimes des essais nucléaires français en Algérie et en Polynésie, contenues dans un projet de loi en cours d'adoption par le Parlement français, M. Driencourt a tenu à souligner “l'importance du mécanisme mis en place sans aucune discrimination de toutes les victimes, quel que soit leur nationalité”. “C'est en soi une reconnaissance qu'il y a eu des erreurs”, admet le diplomate. L'ambassadeur français a eu ensuite à répondre à une série de questions d'ordre économique. “Vous regardez le verre à moitié vide. Il faut le regarder à moitié plein”, répliquera M. Driencourt à une question relative à la frilosité des investissements français en Algérie. Argument de M. Driencourt qui citait les chiffres de la Banque d'Algérie : “Les investissements français en Algérie ont atteint 350 millions d'euros en 2008, soit près de 50% de progression par rapport à 2007.” Autre chiffre avancé par le diplomate français : “Pas moins de 430 entreprises françaises sont présentes en Algérie.” Interrogé sur les raisons du départ du groupe français Bouygues-Construction, Driencourt explique que “ce groupe a dû partir à cause de la présence de certaines entreprises — dont par exemple les chinoises — qui arrivent clés en main, avec leur bataillon de main-d'œuvre, ce qui n'est pas le cas des entreprises françaises”. “Cela dit, nuance le diplomate, fort heureusement, ce n'est pas le cas de beaucoup d'autres entreprises françaises qui, elles, sont restées.” Répondant à une question relative au contrat signé, il y a deux ans, entre les gouvernements des deux pays, portant sur la promotion des investissements français en Algérie dans les secteurs de l'industrie mécanique, pharmaceutique et dans l'agroalimentaire, M. Driencourt affirme que “des discussions sont en cours”. “Je ne peux pas dire plus, car cela relève du ressort des entreprises. Tout cela prend du temps. La crise économique mondiale est passée par-là. Les entreprises en tiennent compte”, ajoute le conférencier. Interrogé sur le climat de l'investissement en Algérie, M. Driencourt estime que “les autorités algériennes elles-mêmes reconnaissent l'existence de la lourdeur bureaucratique en Algérie”. Et de citer l'exemple de “la réglementation bancaire qui parfois est compliquée dans un monde où les entreprises travaillent d'une façon mondialisée”. Invité à commenter les récentes circulaires d'Ahmed Ouyahia obligeant tout investisseur étranger à ouvrir son capital à un partenaire algérien, M. Driencourt a estimé que “les autorités algériennes ont le droit le plus strict de promulguer de telles circulaires”. Et d'ajouter : “Les entreprises françaises à l'instar des canadiennes, italiennes et autres… sont ennuyées car les règles changent.” “Cela dit, relativise-il, les entreprises françaises vont devoir s'adapter, faire avec et trouver des solutions pour être présentes en Algérie.” “Certaines entreprises, constate-t-il, ont d'importants projets en Algérie car elles veulent consolider leurs parts en Algérie.” ‹En matière de transfert technologique, M. Driencourt révèle que “des projets industriels qui comportent des aspects de transfert de technologie sont en passe d'être concrétisés. Je ne peux pas les citer pour des raisons de confidentialité”. Et ce qui a été fait ? Le diplomate cite l'exemple de l'usine Michelin à Alger qui a investi dans la fabrication de pneus, transmettant ainsi l'un des secrets les mieux gardés dans le monde. “Ce groupe est le premier exportateur hors hydrocarbures en Algérie”, se réjouit-il. Répondant à une question sur la libre circulation des personnes, M. Driencourt a révélé que “sur 200 000 demandes, ses services consulaires ont délivré 132 000 visas en 2008”. “Nous sommes, dit-il, le premier pays à délivrer autant de visas.” Interrogé sur l'éventualité d'un projet d'implantation d'un centre culturel français à Béjaïa, M. Driencourt a écarté l'existence de tout projet de ce type. “Cela dit, je suis en train de réfléchir à ce qu'on pourrait faire sous une forme différente et originale pour répondre à cette demande.” Et d'expliquer : “Nous avons 5 CCF en Algérie. Il y en avait eu un à Tizi Ouzou que nous avons fermé pour des raisons sécuritaires. Je suis allé à Tizi Ouzou et j'ai constaté une forte demande de rouvrir ce centre. Ce n'est pas simple. Il faut tenir compte des aspects sécuritaires et budgétaires.” Cherif Lahdiri