Près de 640 millions de centimes en fausse monnaie ont été saisis depuis 2008 dans trois wilayas de l'Ouest, dont Relizane qui sert de transit et de wilaya d'écoulement des faux billets. La wilaya de Relizane est-elle en passe de devenir le lieu de prédilection des faux-monnayeurs ? Tout porte à le croire, selon les investigations menées par la section de recherches du groupement de gendarmerie qui vient d'élucider une affaire dont l'un des auteurs, une jeune fille B. Z. (22 ans) originaire de cette ville, a été arrêté. 54 000 DA en coupures de 1 000 DA, devant être écoulés sur le marché local, ont été récupérés en un temps record. Vingt minutes exactement ont suffi pour organiser des souricières au niveau de plusieurs points ayant conduit à mettre le grappin sur la jeune fille, ainsi que le véhicule utilisé par les malfaiteurs au nombre de trois, dont deux sont en fuite. À l'origine, un simple geste d'un bon citoyen qui, remarquant le démarrage sur les chapeaux de roues d'un véhicule, alerta la brigade de Mendes, située sur la RN23 reliant Relizane à Tiaret. Le véhicule, une Renault Mégane ayant à son bord deux hommes rejoints par une jeune fille, démarre en trombe. Le citoyen pense alors à un vol de véhicule. Aussitôt alerté, le chef de brigade avise par radio la salle des opérations du groupement qui, à son tour, met en alerte toutes les unités et les barrages territorialement compétents. La Mégane est interceptée par la brigade de Oued-Djemaâ. Le conducteur force le barrage en tentant de heurter un gendarme et prend la fuite par une route secondaire. Les tirs de sommation s'avèrent vains devant le chauffard. Les gendarmes visent les roues et font mouche. Le véhicule touché s'arrête 150 m plus loin, mais les passagers n'abdiquent pas. Seule la jeune fille est arrêtée. Ses compagnons disparaissent dans la nature. La fouille du véhicule permet de découvrir 54 billets de 1 000 DA qui s'avéreront faux après l'envoi d'un échantillon au laboratoire de la police scientifique d'Oran. 165 000 DA en vrais billets, un poignard, 15 paquets de cigarettes et des produits alimentaires ont également été trouvés à l'intérieur du véhicule. Il s'agirait, selon les enquêteurs, de produits achetés pour faire la monnaie des faux billets. Au niveau de la brigade de Mendes à qui l'enquête est confiée, la jeune fille, employée à la commune de Relizane dans le cadre du filet social, avoue connaître M. B., l'un des fuyards. Elle reconnaît également avoir écoulé deux faux billets à Zammoura et un troisième à Kenanda, dans la daïra de Mendes, en achetant un bouteille d'huile et du shampooing. La jeune fille a été présentée le 4 juillet dernier devant le procureur de la République qui l'a mise sous mandat de dépôt pour possession et utilisation de fausse monnaie, création d'association de malfaiteurs, délit de fuite, refus d'obtempérer et port d'arme prohibée. Les deux autres auteurs en fuite sont identifiés. Il s'agit de M. B. et T. D. M. Ce dernier, 34 ans, sans travail fixe, est particulièrement recherché en vertu d'un mandat d'arrêt du tribunal de Mascara pour association de malfaiteurs, vol qualifié, coups et blessures volontaires, ainsi que par suite d'un jugement rendu par contumace le condamnant à deux mois de prison avec sursis pour refus d'obtempérer. À rappeler qu'une autre affaire de fausse monnaie a été traitée par la même section de recherches en 2008, où 24 000 DA en coupures de 1 000 DA ont été saisis. Relizane constitue, selon les enquêteurs, une destination privilégié des faux-monnayeurs, en raison du caractère rural de ses habitants. Les petits commerçants et les maquignons sont souvent victimes de ce genre d'escroquerie. À rappeler également deux affaires de fausse monnaie, traitées pour la première par le groupement d'Aïn Témouchent, le mois dernier, avec la saisie de 45 000 DA en billets de 1 000 DA, et l'arrestation de 4 personnes ayant toutes des liens de parenté avec des émigrés. Cette affaire laisse supposer que les faux billets ont été fabriqués à l'étranger. La deuxième affaire, beaucoup plus importante, concerne la saisie de 680 millions de centimes dont 630 millions en fausses coupures de 1 000 DA. L'affaire traitée par le groupement de Mostaganem en février dernier a pour origine l'implication de 5 personnes dans une histoire de trafic de véhicules ayant conduit à la saisie de 14 véhicules, en plus de la somme de 680 millions de centimes. En comptant cette somme mirobolante, les gendarmes découvrent que plus de 630 millions sont de fausses coupures. Trois personnes sont arrêtées et présentées devant le procureur de la République qui les a placées sous mandat de dépôt, alors que deux autres demeurent en fuite et activement recherchées. Pour revenir au mode opératoire des faussaires, ces derniers, selon le chef d'état-major du groupement de Mostaganem, le commandant Farouk Mezarchi, “recourent de plus en plus à des méthodes sophistiquées pour perfectionner leur “œuvre”. Mais nos laboratoires sont là pour détecter toute anomalie. Ces laboratoires se perfectionnant davantage procèdent à tous les détails et les précisions contenues dans les authentiques billets. Chose que les faussaires n'ont pas encore réussi à maîtriser”. ALI FARÈS