Durant une semaine, c'est-à-dire, depuis hier jusqu'au 16 juillet, le chef-lieu de la commune de Frikat abritera un grand événement après celui de 2005 : la deuxième édition de la fête nationale du couscous traditionnel roulé à la main. C'est avant tout un événement culinaire et ensuite économique pour toute la région car, déjà, de nombreux artisans issus de plusieurs wilayas ont donné leur accord pour venir y exposer. En plus du couscous et ses dérivés, il y aura bien sûr la sculpture sur bois, la vannerie, les bijoux et la poterie. La commune de Frikat est issue du découpage administratif de 1984. Elle est située à l'est de Draâ El-Mizan et au sud de Tizi Ouzou. D'une superficie de 48 km2, cette municipalité est dominée par une plaine occupée par la céréaliculture, l'élevage bovin et l'arboriculture, et une zone montagneuse connue pour ses oliveraies. Sa population s'élève (dernier recensement 2008) à 15 200 habitants. Cette région est l'une des régions historiques pour avoir donné naissance au colonel Amar Oumrane, l'un des artisans du déclenchement de la guerre de libération, compagnon de l'autre colonel, Krim Belkacem. À la veille du 1er Novembre 1954, le colonel Ouamrane mobilisa plus de 300 militants, raconte-t-on, qu'il mit à la disposition des responsables de la Mitidja où ils attaquèrent les intérêts des colons dans cette région. On dit aussi que Frikat a enfanté un grand écrivain en la personne de Malek Haddad, originaire des Ihadaden. Plus de 300 martyrs sont recensés dans le fichier communal, sans compter l'engagement de toute la population dans le combat pour le recouvrement de l'indépendance. L'implantation d'une SAS (Section administrative spéciale) à Bou Ighzer, que d'aucuns désignent encore par ce nom, témoigne d'un tel engagement, que les forces coloniales et ses supplétifs essayèrent d'étouffer. Cette municipalité présente des opportunités certaines en mesure de la propulser dans son développement. Un tissu économique en plein essor Sa situation géographique fait d'elle une porte ouverte vers d'autres communes et même vers la wilaya de Bouira. En empruntant le CW4 (actuellement restauré, contrairement à son état de 2005), on peut rallier les communes de Bounouh, puis de Boghni en quelques minutes. “La prise en charge des pistes la rattachant à la wilaya de Bouira, du côté d'Ath Laâziz et vers la RN5, est une urgence”, nous a dit le P/APC M. Amar Arib. Et d'enchaîner : “Ces infrastructures routières sont indispensables pour désenclaver les villages en question et aussi une manière de développer le tourisme et, par ricochet, sortir notre région de son isolement.” Cette municipalité compte au moins une dizaine d'entreprises activant dans divers secteurs (bâtiment et travaux publics, transformation plastique, couscous traditionnel, fabrication de jus, agriculture, apiculture, huile d'olive, arboriculture). Pourquoi une fête du couscous ? “Notre région est réputée pour son couscous traditionnel. Je vous cite Couscous Lahlou, Couscous Royal, Maison Frikat Couscous”, nous a-t-il répondu. Avant de nous parler de ce rendez-vous culinaire : “Cette deuxième édition de la fête nationale du couscous traditionnel est organisée par l'APC de Frikat sous le haut patronage de M. le ministre de la Petite et Moyenne entreprise et de l'artisanat, sous l'égide de M. le wali de Tizi Ouzou, de l'APW, de la direction de la PME et de l'artisanat et de la Chambre de l'artisanat et des métiers. Les artisans de Frikat, de leur part, contribuent à la réussite de cette fête.” Ce grand rendez-vous sera marqué par un programme riche et varié. Un événement auquel les autorités locales donnent une grande importance eu égard à son cachet particulier. “Aujourd'hui, le couscous sous toutes ses formes est connu et diffusé partout dans le monde. Cuisiné comme repas principal, le couscous est un aliment complet”, nous dit à ce propos un organisateur. “L'histoire du couscous est indissociable de la céréale la plus cultivée au monde. Le couscous est le plus ancien plat encore consommé en Afrique du Nord. Depuis plus de 3000 ans, il puise son origine dans les fins fonds de l'histoire maghrébine. Le couscous est pour l'Algérien, le Tunisien ou le Marocain ce que le riz est pour les Asiatiques et les pâtes pour les Italiens. En fait, son nom berbère est seksou”, peu-t-on lire dans la revue les Céréales. Cet événement sera aussi empreint par cette touche personnelle initiée par l'un des artisans du couscous, a Maison Frikat Couscous. Le grand plat de couscous traditionnel : un défi ? Au premier jour de cette grande fête, un plat géant sera exposé au CEM Sellam-Arezki. L'initiateur de ce plat nous explique son idée : “Inspirée par le plat géant de couscous réalisé à Toseur au sud de la Tunisie par les Marocains, notre maison s'inscrivant dans cette course vers la réalisation du plus grand plat de couscous roulé à la main au monde se lance le défi de battre ce record. Notre plat, unique par son volume, car il mesure trois mètres de diamètre sur 70 centimètres de profondeur, et de par la qualité du bois utilisé pour sa confection, le chêne en l'occurrence, constitue une œuvre aussi artistique que gastronomique. Ce plat a pris plus de deux mois pour être confectionné par des artisans spécialisés en bois.” Avant de revenir sur les objectifs fixés pour ce dernier, à savoir apporter une touche spéciale à la 2e édition de cette fête, promouvoir l'activité du couscous roulé à la main, d'une part, et l'aspect culturel et artisanal de la fabrication du couscous, d'autre part. Cette occasion renforcera, par ailleurs, l'action sociale de la Maison Frikat Couscous en faisant manger plus de 7 000 personnes le jour de l'ouverture de ce rendez-vous. Les initiateurs de cette idée sont confiants tout en disant que les 7 000 convives seront servies dans les meilleures conditions d'hygiène, car la préparation de ce plat est confiée à l'école hôtelière KAD School de Tizi Ouzou. Il faut dire qu'en termes de financement, le coût de ce grand plat s'élève à 124 millions de centimes, avec un détail fourni pour toutes les composantes. Un programme riche et varié Indubitablement, la localité de Frikat sortira de sa torpeur et de sa routine quotidiennes durant tout cet événement. “Nous sommes très contents d'apprendre que notre région relance la fête du couscous. C'est un événement tant attendu. Nous remercions tous ceux qui ont pensé à organiser cette deuxième édition”, nous a lancé un jeune attablé sur la terrasse du café en face des 24 locaux commerciaux réalisés et qui seront attribués aux jeunes de la région touchés par un taux de chômage effarant, contrairement aux jeunes filles qui travaillent pour le compte de ces petites entreprises de fabrication du couscous. “Nous avons même des étudiantes qui consacrent leurs vacances scolaires à rouler du couscous. Certaines utilisent l'argent qu'elles gagnent pour financer leurs études alors que d'autres préfèrent préparer leur trousseau de mariage”, nous a confié un fabricant de couscous. Les activités seront abritées par les deux collèges de la région. Au CEM Sellam-Arezki sera exposé ce plus grand plat et au CEM Base 4 auront lieu toutes les autres activités. Pour le premier jour, après l'accueil des délégations, des invités et des visiteurs, le chef-lieu verra défiler les échassiers, les différentes fanfares, les scouts et les troupes folkloriques, dont idheballen. Midi, inauguration du grand plat du couscous suivie de sa dégustation, avant que les officiels n'aillent déjeuner à l'école primaire Titouche. Dans l'après-midi, place aux expositions-vente et aux portes-ouvertes sur l'emploi et la création de micro-entreprises avec la participation des dispositifs Angem, Ansej, Cnac et Anem, encadrées par la Dpmea. Le même programme (expositions non-stop et cycles de conférences sur les dispositifs d'emploi) sera poursuivi durant toute la semaine et ponctué, en fin de journée, par des galas artistiques et des pièces théâtrales. Dans le cadre du deuxième festival culturel Panafricain d'Alger et le festival culturel arabo-africain et danses folkloriques dans sa quatrième édition, deux concerts sont prévus à Frikat. Le 13 juillet, il y aura les chanteurs Karim Khelfaoui, Ouazib et Moumouh, alors que le 15 juillet, ce sera le tour d'Ali Méziane, Taleb Tahar et Oujrih. Ce grand rendez-vous sera clôturé le 16 juillet par la remise de diplômes de participation aux exposants, aux participants avec l'animation d'une troupe folklorique. En quittant la localité de Frikat, nous avons gardé l'espoir des citoyens de la région que leur région devienne un point de chute pour des investisseurs, notamment dans le tourisme, quand on sait que certains villages de cette commune se trouvent à un jet de pierre du majestueux Djurdjura. O. Ghilès