“Notre séjour en Algérie est un acquis parmi d'autres acquis, grâce à notre combat et grâce à la solidarité internationale”. C'est ce qu'a déclaré hier Ali Salem Tamek, pour justifier la visite, pour la première fois, à Alger, d'une délégation de militants sahraouis des territoires occupés. Intervenant dans le cadre d'une conférence, la dernière de la saison, organisée par le Centre des études stratégiques d'Echaab et consacrée à “la résistance pacifique sahraouie dans les territoires occupés du Sahara occidental”, le défenseur des droits de l'Homme a également fait savoir que l'Intifadha, enclenchée depuis mai 2005, a contraint le régime de Rabat à faire “des concessions”. Un régime qui, selon lui, voudrait bien retourner cette énième concession à son avantage, pour donner l'image d'un modèle démocratique. “La résistance de mai 2005 a ouvert des perspectives au combat du peuple sahraoui”, a encore souligné l'ex-prisonnier politique sahraoui. Non sans insister sur les raisons ayant motivé le lancement de l'Intifadha, à savoir notamment les tentatives du Maroc et de ses alliés à dévier du cadre de la légalité internationale pour imposer l'option d'autonomie, le pillage des richesses du territoire non autonome, le renforcement du mur séparant l'ancienne colonie espagnole en deux et la dégradation des droits humains, ainsi que la poursuite, par la justice espagnole, de hauts responsables marocains pour crimes contre l'humanité, sur plainte des Sahraouis victimes de brûlures au napalm et au phosphore blanc, et d'assassinats. “L'Intifadha est surtout la réponse au discours du 20 mai 2005 du président de la République sahraouie (RASD, ndlr), également secrétaire général du Front Polisario, qui avait alors déclaré que nous ne resterons pas les bras croisés”, a-t-il soutenu, insistant sur les objectifs de la résistance civile : consacrer le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance. De son côté, Mami Amar Salem a rappelé que la résistance populaire a commencé du temps de la colonisation espagnole, en citant les manifestations de Zemla de 1970, puis s'est poursuivie contre les forces marocaines, dans différentes régions du territoire occupé du Sahara occidental, avant de s'étendre au Sud marocain et aux universités marocaines. La résistance sahraouie est, de son avis, destinée à briser le mur du silence et à casser l'embargo militaire et médiatique dans les zones sous occupation. Le militant du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l'homme (Codesa) a, en outre, indiqué que les Sahraouis des territoires occupés font face à quelque 170 000 soldats marocains et un large dispositif de répression, reposant sur plusieurs forces, y compris la police civile. “La résistance pacifique est venue confirmer la nécessité de trouver une solution au conflit, qui passe par le choix libre du peuple sahraoui”, a affirmé Mami Salem. Un autre citoyen sahraoui, en l'occurrence Hammadi Naciri, a dénoncé pour sa part la poursuite des enlèvements de Sahraouis, qu'on jette dans des centres comme le tristement célèbre Kalaat Magouna, pour les torturer, avec l'intention de les réduire à néant. Naama Asfari, avocat de formation, a pour sa part insisté sur le fait que juridiquement et moralement, “le Maroc est une autorité d'occupation”. “Comment une puissance occupante peut-elle être présentée comme étant démocratique ?” s'est-il interrogé, avant de rejeter l'idée de “la manipulation des Sahraouis souffrant des affres de l'occupation par une soi-disant transition démocratique au Maroc”. Selon lui, la position de la France contredit “ses valeurs de liberté et de dignité”, alors que les Etats-Unis gardent pour l'instant une position de principe et sont toujours avec la lutte des peuples. “Le Maroc et la France ne veulent pas de l'applicabilité du droit international”, a-t-il révélé plus loin, en ajoutant : “Christopher Ross (envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental, ndlr) et les USA ont compris que non seulement le droit international, mais aussi la réalité politique sont avec le peuple sahraoui. La France doit maintenant comprendre cela.” H. Ameyar