Des dizaines de manifestants pacifiques sahraouis ont été réprimés dans le sang mercredi dernier à Hay Maatlla (El Ayoun) par les forces d'occupation marocaines. Le comble est que cette répression était pratiquée sous l'œil de la délégation du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, qui se trouve à Rabat depuis le 15 mai dernier pour faire le point sur la situation des droits de l'homme au Sahara-Occidental. Le gouvernement de la RASD a regretté hier que la mission de l'ONU « se soit confinée » à l'agenda de rencontres établies par les autorités d'occupation marocaines. Il a regretté que « les membres de la mission, depuis leur arrivée dans les territoires occupés, soient restés enfermés à l'hôtel Parador, consacrant leur temps à auditionner, selon l'agenda établi par les autorités marocaines, des membres d'organisations humanitaires et politiques fictives et des représentants de l'Administration coloniale sur place, au lieu de visiter toutes les localités, théâtres de violations des droits de l'homme, de rencontrer directement la population et de circuler librement ». « Mercredi dernier, au même moment où l'on s'entretenait avec la délégation à l'hôtel Parador, des manifestants, arborant le drapeau de la RASD, réclamant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, ont été pour certains réprimés et brutalisés et d'autres arrêtés par les forces coloniales qui ont également saccagé les biens des Sahraouis de Maatlla », témoignait, hier, Ali Salem Tamek, contacté à El Ayoun. Plus grave encore, selon ce militant des droits humains sahraoui, « la délégation onusienne n'a pas voulu se rapprocher du lieu de la manifestation sous prétexte qu'elle n'a pas d'autorisation ». Mais pour quel objectif est-elle venue cette mission de l'ONU à El Ayoun si ce n'est pour s'enquérir des cas de violation des droits de l'homme dans cette région ? La RASD a condamné l'attitude du Maroc qui a empêché la délégation onusienne de s'acquitter de sa mission et de faire la lumière sur les abus et les violations flagrantes des droits de l'homme dont sont victimes les populations sahraouies dans les territoires occupés. Selon Ali Salem Tamek, la délégation onusienne a été en effet empêchée par les autorités marocaines de faire son travail d'investigation. Tamek cite l'hôpital et la prison noire d'El Ayoun où il a été interdit l'accès hier à cette délégation. « La délégation a été empêchée d'aller voir les blessés de l'hôpital d'El Ayoun. A la prison noire d'El Ayoun, ils ont été empêchés d'aller s'entretenir avec les prisonniers sahraouis », témoigne-t-il. Afin de parer à toute éventualité, selon lui, les autorités marocaines ont transféré dans la nuit de mercredi à jeudi une vingtaine de prisonniers dans d'autres prisons marocaines. Plusieurs associations sahraouies, entre autres celles des victimes de la torture, de la répression et des disparus ainsi que le collectif des activistes des droits humains sahraouis se sont entretenus, depuis mercredi dernier, à El Ayoun, avec la délégation. Un rapport de 200 pages retraçant, par des photos, la situation des droits de l'homme depuis l'Intifada du 21 mai 2005 a été présenté par le collectif des activistes sahraouis à cette délégation, selon Ali Salem Tamek. La mission de l'ONU sera reçue aujourd'hui par les responsables du Front Polisario aux camps des réfugiés sahraouis, à Tindouf. Pour M. Tamek, « cette délégation est porteuse d'une responsabilité historique et morale ». Elle doit, selon lui, traduire fidèlement à l'opinion internationale les souffrances et les exactions dont souffre le peuple sahraoui.