Ce comité pourrait se constituer partie civile dans d'éventuels procès intentés contre des établissements de santé pour faute médicale. Pour permettre aux victimes des erreurs médicales de faire entendre leur voix, la LADDH vient de mettre sur pied un comité chargé d'accompagner ces malades. Celle-ci vient de se doter du comité “SOS erreurs médicales” qui pendra en charge les victimes des fautes médicales survenues dans les hôpitaux publics ou dans les établissements de santé du secteur privé. Ce sont les 30 malades devenus aveugles après un traitement expérimental au service d'ophtalmologie du CHU Béni Messous, qui ont créé ce comité. Ayant constaté que la victime d'une erreur médicale en Algérie n'a aucun droit, les 30 malades, devenus presque tous aveugles, ont décidé de s'organiser. “J'admets que le médecin puisse commettre une erreur, mais dans le cas des malades du service de Béni Messous, il y a comme une volonté de cacher la vérité. Mon père comme les autres patients ont été hospitalisés pour subir un traitement ayant donné de bons résultats pour le traitement de la dégénérescence de la maculât. Au lieu de cela, le médecin leur a injecté dans l'œil un anticancéreux. Toutes les victimes ignoraient qu'elles allaient subir un traitement expérimental”, affirme M. Boughetouche Rédha, dont le père, directeur d'école à la retraite, est devenu aveugle. Il estime que ceux qui ont été traités dans les cliniques privées, mais cette fois avec le véritable médicament coûtant 160 000 DA, ont tous eu de bons résultats, ou du moins ils n'ont pas eu de complications. Ces erreurs médicales n'ont pas eu que des répercussions d'ordre sanitaire, mais certains ont eu à subir d'autres humiliations. C'est le cas d'une femme qui, en plus de perdre l'usage de son œil, s'est vu répudier par son mari. “J'ai perdu mon œil et toute ma vie. Je ne travaille pas et je suis sans ressource”, se plaint-elle. Les initiateurs de ce comité reprochent aux autorités concernées par ce problème d'avoir opté pour la politique de l'autruche. “Nous avons saisi toutes les autorités, mais aucune n'a daigné nous répondre, y compris le Conseil de l'ordre national des médecins et le ministère de la Santé. Avec tous les problèmes que nous avons, nous n'avons rencontré aucune aide et encore moins un soutien”, dit un ébéniste devenu aveugle après une opération toujours au CHU de Béni Messous, mais cette fois en 2004, pour un décollement de rétine. Les membres de ce comité estiment que les décisions rendues par la justice sont très en deçà des attentes des victimes. “On nous a accordé 300 millions de centimes, mais après appel du médecin condamné, la juridiction pénale s'est déclarée incompétente pour évaluer le préjudice subi par les malades ; elle les a renvoyés devant le civil et cela prendra des années avant que les victimes n'obtiennent leurs droits”, s'insurge une autre victime. M. Belhimoud Nourredine, de la LADDH, estime pour sa part que ce comité sera appelé à défendre toutes les victimes des erreurs médicales en Algérie. “Nos hôpitaux sont devenus des mouroirs, alors qu'ils sont censés prodiguer des soins et non pour compliquer l'état de santé des patients qui s'y rendent. Nous payons nos impôts, aussi sommes-nous en droit d'exiger des soins de qualité”, dit encore M. Belhimoud. Les membres de ce comité invitent toutes les victimes d'erreurs médicales à se rapprocher de la LADDH pour se faire connaître et pour réclamer le droit à la justice. D. A.