Au motif de cette manifestation, les mesures imposées par la Marine nationale pour contrôler l'activité de pêche dans cette localité enclavée, où le minuscule port occupe une partie de la plage du centre-ville. La paisible ville côtière de Chetaïbi a été, avant-hier vers 17h, le théâtre de violents affrontements entre un groupe de marins pêcheurs et les éléments de l'unité locale des garde-côtes. Selon des témoignages recueillis sur place, près d'une centaine de gens de la mer auxquels s'étaient joints des jeunes, en majeure partie des adolescents, avaient entrepris une marche de protestation depuis la place de la mairie vers le port en scandant des slogans hostiles à l'autorité maritime. Ils avaient ensuite commencé à caillasser le bâtiment, où a été installée tout récemment une caserne des garde-côtes. Excédés par les insultes et les jets de pierres qui avaient blessé sérieusement certains, les éléments des garde-côtes ont entrepris de réagir et de disperser la foule hostile en tirant des coups de semonce. “Les coups de feu ont été entendus partout, jusqu'à la zone nord du village, sur les hauteurs où séjournent la plupart des touristes, ce qui a eu pour effet de provoquer une panique auprès de ces derniers”, commente un témoin, qui indique que les plus jeunes des émeutiers ont continué à narguer et à insulter les garde-côtes jusqu'à une heure tardive de la nuit de mardi à mercredi, et ce, malgré l'intervention de la Gendarmerie nationale. Profitant de l'obscurité, tous ont réussi à prendre la fuite, et ce n'est qu'hier dans la matinée que les gendarmes ont pu arrêter deux des manifestants qui avaient été formellement identifiés, apprend-on. Un autre habitant, qui a pu suivre de près ces incidents, affirme que le pire a été évité grâce au sang-froid des forces de l'ordre et de regretter que “ces événements malheureux ne soient pas sans rappeler ceux qui se sont déroulés ici même, l'an dernier après la mort violente d'un jeune habitant victime d'une agression à l'arme blanche. Il y a eu des émeutes en réaction à cet assassinat, œuvre de cambrioleurs étrangers à Chetaïbi et qui nous ont bousillé la seule période durant laquelle ce coin de paradis revit. C'est vraiment déplorable pour les gens d'ici qui voient ainsi une autre saison touristique gâchée”. Au motif de cette manifestation, les mesures imposées par la Marine nationale pour contrôler l'activité de pêche dans cette localité enclavée, où le minuscule port occupe une partie de la plage du centre-ville. La pêche qui est l'unique activité de la population chetaïbie n'obéissait, jusqu'ici, à aucune contrainte administrative et les propriétaires de barques et de petits métiers ne justifiaient pas de fascicules et d'autorisation de pêche légale. Cette flambée de violence, qui intervient en pleine saison estivale, a provoqué un profond émoi au sein de la population locale, notamment chez les familles de touristes, dont bon nombre ont commencé à plier bagage de crainte d'une escalade de violence. La tension était en tout cas encore perceptible, hier, au niveau des rues du centre de Chetaïbi où les principaux commerces avaient gardé leurs rideaux baissés toute la matinée. Une enquête a été ouverte sur instruction du parquet pour déterminer les raisons exactes de cette violente manifestation. B. Badis