Les rapports de force, aussi bien sur le terrain militaire que sur le plan diplomatique, sont tellement déséquilibrés entre les deux parties qu'Israël se permet de violer des accords conclus sous l'égide des puissances, de raser des habitations entières à Gaza, d'affamer les Palestiniens, de qualifier le Hamas de terroriste afin de se donner l'argument de l'attaquer et de détruire le Liban sous prétexte de chasser le Hezbollah. En demandant officiellement aux pays arabes de faire un geste envers l'Etat d'Israël et “maintenant”, l'administration de Barack Obama veut se réapproprier le processus de paix israélo-arabe au Proche-Orient après que les Républicains l'eurent complètement remis en cause à coups de concessions en faveur d'Israël. Et ce n'est pas un hasard si l'annonce a été faite par Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat, qui semble vouloir reproduire le projet cher à l'ancien président US, Bill Clinton, dont l'implication dans le processus israélo-arabe avait abouti à l'historique poignée de main Yasser Arafat-Rabin sur la pelouse de la Maison-Blanche le 13 septembre 1993. La démarche en elle-même n'est pas nouvelle dès lors que les USA se sont, de tout temps, impliqués dans la crise israélo-arabe depuis la création de l'état hébreu en 1948. Mais la donne d'aujourd'hui n'est pas la même de celle qui avait permis les négociations d'Oslo de 1993 et encore moins les objectifs de cette initiative. Les rapports de force, aussi bien sur le terrain militaire que sur le plan diplomatique, sont tellement déséquilibrés entre les deux parties qu'Israël se permet de violer des accords conclus sous l'égide des puissances, de raser des habitations entières à Gaza, d'affamer les Palestiniens, de qualifier le Hamas de terroriste afin de se donner l'argument de l'attaquer et de détruire le Liban sous prétexte de chasser le Hezbollah. L'absence d'un “équilibre de la terreur” après l'effondrement du bloc soviétique est pour beaucoup dans l'évolution du conflit israélo-arabe qui est passé de l'étape de la lutte armée, à travers les deux guerres de 1967 et de 1973, au parapluie de la diplomatie à travers la signature des accords de Camp David jusqu'aux prémices d'une normalisation avec l'Etat hébreu à travers l'ouverture de bureaux de liaison dans certains pays. C'est dans ce contexte que le nouveau président américain impose une sorte de feuille de route qui symbolisera, à ses yeux, la réconciliation israélo-arabe mais qui signifie aussi à demi-mot un appel à une capitulation politique pure et simple. Les pays arabes vont-ils accepter cette réconciliation forcée alors qu'ils attendent un geste de bonne volonté de Tel-Aviv ? Que propose Washington en contrepartie ? Un Etat palestinien ? Des aides économiques et militaires ? L'on est en droit de s'interroger sur les visées à court et à long terme de cette nouvelle politique. Car, en évitant de demander à Israël qui détient la supériorité militaire et nucléaire, de faire un geste de paix envers les Palestiniens et les pays arabes engagés dans le processus de paix, le président Obama ne cherche-t-il pas à culpabiliser les Arabes et à leur ôter le statut de victimes d'Israël ? Si c'est la finalité de l'initiative, il faut s'attendre à des lendemains plus sombres dans la poudrière du Proche-Orient. S. T.