Ce n'est qu'aujourd'hui que seront connus les premiers résultats bactériologiques des analyses des prélèvements effectués au niveau des plages de Boumerdès-Ouest et Corso. Quant aux résultats définitifs sur l'aspect physico-chimique, ils ne seront connus que demain. En attendant, d'autres malades continuent de se présenter au niveau des structures sanitaires pour se faire examiner. Certes, leur nombre a baissé en raison d'un recul de la fréquentation des plages dû au mauvais temps, mais, hier encore, une centaine de personnes se sont présentées au niveau de plusieurs centres de santé de la wilaya : des personnes présentant les mêmes symptômes, à savoir une gêne respiratoire aiguë, allergie oculaire, toux, irritation du larynx et éternuement, portant à quelque 300 cas le nombre d'intoxications suspectes ou avérées. Un chiffre qu'il faut sans doute revoir à la hausse quand on sait que d'autres personnes présentant les mêmes symptômes, et donc probablement atteintes, se sont rendues dans d'autres structures sanitaires telles que celles de Réghaïa ou de Rouiba, pour ne citer que celles-là. Rien de grave pour le moment, rassure un médecin de l'unité d'urgence médicale de Boumerdès qui dit attendre le résultat pour se faire une idée de l'étrange syndrome. Par ailleurs, le dispositif de surveillance et d'alerte a été mis en place par les autorités de la wilaya. Les brigades de surveillance représentant tous les secteurs continuaient à sillonner les plages de la wilaya à la recherche du moindre indice qui puisse les éclairer et les orienter sur la bonne piste, en attendant les résultats des analyses. L'alerte était à son plus haut niveau au niveau des structures sanitaires et des plages, notamment à Corso où un poste d'urgence, doté d'équipements nécessaires mais aussi de médecins, a été mis en place et sera ouvert 24h sur 24, assure Mme Bacha, directrice du tourisme de la wilaya. “Un camion mobile de Sama Safia pour contrôler la qualité de l'air sera dépêché demain (aujourd'hui lundi, ndlr)”, a affirmé la même responsable. De son côté, le directeur de la santé de la wilaya de Boumerdès a affirmé que des permanences seront assurées 24h sur 24 au niveau de toutes les structures sanitaires de la wilaya. Le secrétaire général de la wilaya, qui préside la cellule de surveillance mise en place au lendemain de l'apparition du phénomène, a déjà instruit les responsables concernés d'effectuer des analyses d'eau de mer chaque jour. Quant à l'ONDD (Observatoire national du développement durable), ses services ont effectué hier d'autres prélèvements pour des analyses bactériologiques et physicochimiques. Par ailleurs, une équipe ministérielle envoyée par le ministre de l'Environnement et du Tourisme, Chérif Rahmani, était sur place à Boumerdès pour s'enquérir de la situation. Une autre équipe a été dépêchée sur les plages de Aïn Témouchent, a indiqué un membre de cette commission qui a effectué sa première sortie sur la plage de Corso pour tenter de connaître ce qui s'apparente à un phénomène étrange. Mais déjà, les membres de la délégation écartent l'hypothèse d'une pollution par des rejets ou des eaux fluviales. C'est en tout cas ce que nous a affirmé M. Nezzar, cadre au ministère de l'Environnement, qui privilégie d'autres pistes sans toutefois se prononcer sur l'origine de cette infection circonscrite curieusement aux plages de Boumerdès, au Centre et de Aïn Témouchent, à l'Ouest. Les regards se tournent vers l'eau de mer qui aurait été infectée par des rejets de substances chimiques en provenance de certaines embarcations qui se sont rapprochées de la plage à cause d'une mer agitée. C'est en tout cas ce qu'avancent de nombreux témoins oculaires et de patients rencontrés hier sur la plage des 800-Logements de Boumerdès qui ont affirmé avoir vu des liquides chimiques flottant sur la surface de l'eau. Mais, selon des témoignages recueillis hier à Corso et Boumerdès, par les membres de la délégation, un vent poussiéreux et polluant a infecté les yeux de nombreux estivants dont certains n'avaient même pas touché l'eau. Certains responsables évoquent des problèmes liés à la flore marine ou à des méduses. Mais seuls les résultats des analyses donneront une explication. Jusqu'à hier, les autorités locales n'avaient pas pris de mesures particulières concernant l'accès aux plages suspectées, attendant le rapport du laboratoire régional et les baigneurs continuaient à fréquenter les différentes plages de la région bien que leur nombre ait diminué ces trois derniers jours en raison d'une mer très agitée. M. T.