Les Etats-Unis ont appelé Israël à stopper la construction d'un nouveau quartier de colonisation à Jérusalem-Est, mais se sont heurtés à une fin de non-recevoir du gouvernement israélien, a-t-on appris hier de source officielle. L'ambassadeur d'Israël à Washington, Michael Oren, a été convoqué à la fin de la semaine dernière au département d'Etat américain pour fournir des explications sur la construction d'une première tranche de vingt logements dans le quartier arabe de Sheikh Jarrah, a indiqué le ministère israélien des Affaires étrangères. “Nous n'acceptons pas que des Juifs n'aient pas le droit de vivre et de construire où que ce soit à Jérusalem-Est. De telles restrictions sont inadmissibles”, a déclaré dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu en réaction à la démarche américaine. “Jérusalem unifiée est la capitale du peuple juif et de l'Etat d'Israël sur laquelle notre souveraineté ne saurait être remise en question”, a poursuivi le chef du gouvernement à l'ouverture de la réunion hebdomadaire du cabinet. L'ambassadeur israélien a fait valoir qu'il s'agissait d'une construction privée, n'entraînant pas d'expulsion, effectuée en territoire israélien et qui ne constituerait pas une nouvelle colonie en Cisjordanie. La partie orientale de la ville sainte a été annexée par Israël après sa conquête en juin 1967. Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. “Cette intervention américaine sur un site à Jérusalem, à deux pas de l'université hébraïque, prouve à quel point il est dangereux de discuter d'un gel de la colonisation” en Cisjordanie, a déclaré pour sa part le ministre de l'Information, Youli Edelstein, en référence aux demandes répétées de Washington d'un arrêt de la colonisation. “Nous construisons à Jérusalem, nous devons construire à Jérusalem et nous continuerons à construire à Jérusalem”, a renchéri le ministre de l'Intérieur et vice-Premier ministre Elie Yishaï, membre du parti ultra-orthodoxe séfarade Shass. La municipalité israélienne a donné son feu vert à cette construction sur le site de l'ancien hôtel Shepherd, sur un terrain saisi par Israël en 1968, après avoir été propriété de l'Etat jordanien. Le bâtiment historique, propriété avant la Seconde Guerre mondiale du Grand mufti Hadj maine Al Husseini, sera conservé. Les travaux sont financés par un millionnaire juif américain, Irving Moskowitz, un bailleur de fonds de groupes ultranationalistes juifs, qui avait acheté le terrain à l'Etat d'Israël en 1985. Celui-ci a déjà financé la construction d'un quartier de colonisation juive de 133 logements au cœur du quartier palestinien de Ras el-Amoud à Jérusalem-Est, réalisée malgré les protestations américaines. L'objectif affiché des promoteurs est de judaïser la partie orientale de Jérusalem, dont les Palestiniens voudraient en faire la capitale de l'Etat auquel ils aspirent. Quelque 190 000 Israéliens se sont installés dans une douzaine de quartiers de colonisation à Jérusalem-Est où vivent 270 000 Palestiniens. R. I./Agences