Le chef de l'Etat a insisté, au cours du Conseil des ministres, sur la maîtrise des dépenses publiques. La priorité est accordée au cours des cinq prochaines années à l'achèvement des projets en cours de réalisation. Le président de la République, intervenant à l'issue du débat sur le projet de loi de finances complémentaire adopté avant-hier par le Conseil des ministre, a indiqué que “la crise économique mondiale, dont les contours demeurent encore incertains, n'épargne pas notre pays, notamment au niveau de ses revenus tirés des hydrocarbures”, appelant dans la foulée le gouvernement “à plus de rationalité et de rigueur dans la gestion des finances du pays”. Pourtant “cette rationalité” budgétaire ne semble pas avoir été prise en compte dans l'avant-projet de loi de finances complémentaire, au moment où les dernières statistiques rappellent brutalement, encore une fois, la dépendance de l'économie algérienne aux recettes des hydrocarbures, indiquant que l'excèdent de la balance commerciale de l'Algérie est passé de 19,75 milliards de dollars au 1er semestre 2008 à 1,01 milliard de dollars durant la même période de cette année, en raison de la chute des cours du pétrole. Du moins le communiqué du Conseil des ministres ne fait référence à aucune mesure contraignant l'Etat à revoir à la baisse son train de vie et à traquer les dépenses superflues des ministères et autres institutions de la République. Au contraire, le projet de loi de finances complémentaire 2009 prévoit une augmentation de près de 68 milliards de dinars au niveau des crédits de fonctionnement, qui passent ainsi de 2 593 à 2 661 milliards de dianrs pour l'année en cours. Le communiqué du Conseil des ministres explique que cette hausse est destinée, notamment à la prise en charge des augmentations des bourses des étudiants et des stagiaires de la formation professionnelle, des besoins des trois prochaines rentrées scolaires, universitaire et de la formation professionnelle, y compris en encadrements pédagogiques, des droits des victimes du terrorisme parmi les éléments du service national, ainsi qu'au relèvement de l'allocation mensuelle servie aux citoyens volontaires participant à la lutte contre le terrorisme. Le président de la République a ainsi tenu une de ses promesses électorales. “J'ai le plaisir d'annoncer que les bourses universitaires connaîtront, à partir de la prochaine rentrée, une augmentation de 50% pour les étudiants de graduation et de postgraduation”, avait promis le chef de l'Etat lors d'un discours prononcé à l'occasion de la rencontre nationale sur la formation, organisée dans la ville de Sidi Bel-Abbès. Pour leur part, les crédits d'équipement ont été réévalués de près de 216 milliards DA, passant de 2 597 à 2 813 milliards DA. En même temps, les autorisations de programmes connaissent une hausse de plus de 442 milliards DA. “Ces dispositions permettront la finalisation de projets en cours et le lancement de premières opérations relevant du nouveau programme quinquennal de développement”, souligne le communiqué du Conseil des ministres. Au total, le budget de l'année 2009, établi sur la base d'un prix de 37 dollars le baril de pétrole, évoluera en recettes de 2 786 à 3 178 milliards DA, alors que les dépenses évolueront de 5 191 à 5 428 milliards DA, soit un déficit de 2 250 milliards de dinars. Le chef de l'Etat a instruit le gouvernement de veiller à l'élimination de toute dépense superflue dans le budget de fonctionnement, tout en réunissant les conditions de bon fonctionnement du service public. “Cela devra se refléter dans le budget pour l'année 2009 déjà, et les contrôleurs financiers devront veiller à proscrire toutes dépenses indues comme le prévoient les règlements”, lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres. Le budget de fonctionnement a été fortement sollicité au cours des dernières années : outre le paiement des fonctionnaires, les dépenses de transfert se sont beaucoup accrues. En 2007, les transferts à partir du budget de l'Etat ont représenté 660 milliards de dinars, soit plus de 7% du PIB. Seul le service de la dette publique a connu une diminution en conséquence des remboursements massifs qui ont été effectués au cours des dernières années. Le président de la République a également ordonné que l'exécution du programme d'équipements publics pour les cinq prochaines années soit conduite rationnellement. “Ce programme sera d'un minimum équivalent à 150 milliards de dollars”, comme l'avait déjà annoncé le président de la République. Cependant, le chef de l'Etat tient “à ce que les projets à réaliser ne soient lancés qu'une fois maturés et dans les limites des capacités de réalisation, pour éviter les retards qui se conjuguent avec des tensions sur le budget public, en mettant donc, d'abord, l'accent sur la finalisation des chantiers en cours et sur le lancement maximal des études de projets, en veillant ensuite à lancer rationnellement les nouvelles réalisations”. Beaucoup de projets, dans le secteur des transports et des travaux publics, ont accusé des retards qui ont engendré des surcoûts importants au Trésor public. Du coup, le principe de précaution exige dorénavant une vigilance accrue en matière de programmation et d'exécution budgétaire. En plus, après la mise en service de tous les équipements réalisés, le budget de l'Etat sera fortement sollicité pour le financement des charges récurrentes induites : frais de personnel plus importants et autres moyens de services. Les subventions nécessaires pour la distribution de l'eau dessalée, le transport urbain par métro et tramway, les subventions d'équilibre pour l'autoroute Est-Ouest et celles à prévoir pour le transport par chemin de fer et la production d'électricité s'additionnent pour atteindre des sommes très importantes qui sont autant de charges pour le budget. La barque budgétaire risque d'être chargée. Meziane Rabhi