“En signe de solidarité avec les victimes sinistrées, nous appelons la population de Tadmaït à observer une demi-journée de grève, lundi 27 juillet 2009 de 8h à midi.” Ce n'est pas un communiqué de quelque syndicat autonome qui anime le front social, mais un appel de l'APC de Tadmaït qui porte sur son fronton le sceau de la République. Une grève donc est initiée par une collectivité locale. C'est suite à l'annulation d'une session de l'Assemblée municipale faute de quorum que la réunion, qui s'est transformée en une réunion avec les citoyens, a débouché sur la décision de lancer un appel à une grève générale. À l'ordre du jour de ce conclave, les évènements de vendredi dernier. Les présents à la réunion ont débattu de la situation “ayant prévalu en cette fin de semaine et les conséquences engendrées par les incendies qui ont fait réagir la population, notamment la jeunesse en s'attaquant aux édifices publics”, précise le communiqué signé par le premier vice-président de l'APC qui assure l'intérim. L'action de protestation se voulait, à en croire les initiateurs, un geste de solidarité avec les victimes sinistrées suite à l'incendie provoqué par deux gardes communaux vendredi dernier. Hier, les commerces de la ville de Tadmaït ont baissé rideau durant toute la matinée. Le boulevard Amirouche était complètement fermé. Les services publics ont été paralysés. Tadmaït a pris les allures d'une ville morte, l'espace d'une demi-journée en ce lundi caniculaire. C'est sans doute la première fois qu'une Assemblée communale initie un mouvement de grève sur son territoire. Il y a lieu de rappeler que, vendredi 24 juillet, deux gardes communaux avaient été pris en flagrant délit d'incendie. Ils étaient sur le point de mettre le feu aux champs d'oliviers pas loin de Tadmaït. Les citoyens, qui ont surpris les deux gardes communaux, les ont passés à tabac avant de les conduire de force au siège de l'APC pour les livrer à qui de droit. En arrivant sur place, les services de sécurité libéreront d'office les deux éléments de la garde communale. Des émeutes éclatent alors. Les affrontements durent jusqu'à 22 heures passées. Les forces de l'ordre font usage de bombes lacrymogènes auxquelles répondent les manifestants par des jets de pierres. Les manifestants visiblement en colère bloquent la RN12, un axe routier fortement fréquenté. Le siège de l'APC de Tadmaït a été saccagé en partie. Ce n'est que le lendemain que le calme est revenu dans les artères rectilignes de la ville de l'ex-Maréchal Randon. Les deux gardes communaux ont été suspendus en attendant les conclusions de l'enquête ouverte à cet effet par la gendarmerie nationale. Yahia Arkat