Le patron de la banque souligne de nouveau qu'il est prêt à tenir ses engagements. M. Kharroubi, père, “patron de la BCIA”, a décidé de contre-attaquer dans l'affaire “commerciale” qui l'oppose à la BEA depuis près de deux mois et qui lui a valu un blocage des avoirs de sa banque sur ordre de la BEA. Dans un point de presse qu'il a choisi de tenir à Oran en présence de son avocat-conseil, Kharroubi ira droit au but en accusant la BEA d'avoir “tout détruit, notamment le travail qui a été mené pendant 4 ans par le président de la République” qu'il “félicite par ailleurs”. Et de poursuivre : “Un simple geste (l'ordre donné par la BEA à ses agences et à toutes les autres banques de bloquer les avoirs de la BCIA, ndlr) a jeté la suspicion et le doute sur l'ensemble de l'économie nationale. La BEA a bloqué l'économie nationale ! Quels sont les financiers qui vont venir investir maintenant en Algérie ?” Il s'interrogera aussi sur l'origine de cette “idée d'abattre la BCIA, la première banque privée d'Algérie”. Si l'orateur explique sa présence à Alger, durant ses deux derniers mois, par des raisons de santé, sa sortie d'hier, à Oran, intervient au moment où la BEA a fait publier, par voie de presse, un avis stipulant qu'elle, étant créancière, s'oppose à toute transaction commerciale concernant toute une liste d'hommes d'affaires, de sociétés dont la BCIA et nombre de ses clients concernés par l'affaire. Cette sortie de la BEA est considérée, du point de vue de l'orateur, comme illégale et prouverait cette volonté de nuire à la banque privée d'un point de vue financier. L'avocat-conseil dira encore : “La BEA n'avait aucun droit légal à publier cette liste qui fait la confusion entre les personnalités morales et physiques. Cet encart a un caractère diffamatoire et une telle décision n'a pu se faire qu'avec la responsabilité du PDG de la BEA.” Kharroubi est convaincu d'être ciblé par la BEA qui avait déjà agi de manière néfaste et de “façon unilatérale, en faisant usage d'un privilège contenu dans la loi sur la monnaie et du crédit (art 175) permettant le blocage des avoirs”, alors même que la BCIA a fait parvenir plusieurs lettres, durant le mois de mai, à la direction générale de la BEA, “pour un règlement à l'amiable dans un conflit commercial entre deux institutions bancaires de renommée”. À ce titre, il déclare avoir tout fait pour minimiser l'affaire. Par ailleurs, le patron de la BCIA reviendra sur la genèse de l'affaire et ce, pour mieux s'interroger sur les décisions contestables prises par la BEA à l'origine de la situation d'aujourd'hui, à savoir des clients pénalisés et une banque privée bloquée. Les traites avalisées par la BCIA devaient être présentées dans un délai de 15 à 20 jours, le montant étant de quatre milliards trois cents millions de DA et la BCIA s'était engagée à les régler. Or, les traites ont été escomptées par la BEA alors que le délai était dépassé. Kharroubi rappelle qu'une action avait été engagée et qu'il avait obtenu gain de cause pour annuler les traites des clients de la BCIA. Ces derniers s'étant opposés parce qu'ils n'avaient pas reçu la marchandise que devaient leur livrer les clients de la BEA. Dès lors, l'orateur s'interroge et accuse implicitement : “Comment une agence a pu aussi facilement escompter, en une seule journée, 430 milliards alors que, dans le meilleur des cas, on n'escompte que 80% de la traite ? Il n'a pu y avoir que complicité du directeur de l'agence, du directeur régional et du PDG de la BEA ! Sans compter que la BEA ne s'est même pas souciée d'authentifier la signature des traites…” M. Kharroubi dira encore que la BCIA a avalisé des traites en prenant des précautions sous forme de cautions solidaires, Sotrapla, la principale société impliquée et celle qui s'est fait escompter les traites les plus importantes, avait donné ses biens immobiliers en caution. À noter que la BCIA a déposé une plainte contre cette société en date du 4 juin pour tentative d'escroquerie. D'autres sociétés sont impliquées dans ce conflit, comme Codipalor, Benslimane, etc., selon Kharroubi. Par ailleurs, le patron de la BCIA affirme encore que près de 50% du montant ont été remboursés par ses clients et les clients de la BEA en numéraire et en chèque. Et d'ajouter : “Je remercie les services de sécurité qui ont fait pression pour que ces derniers payent ! La société Fouatih et Nebia a même envoyé une lettre d'engagement pour régler 2 milliards, en assurant même prendre à sa charge les frais financiers et dégageant totalement la BCIA…” Une autre preuve, selon l'intervenant, que la BEA affiche une volonté de nuire, c'est que cette dernière refuse de transmettre à la BCIA un état complet des traites réglées et des bons d'encaissement et qu'elle n'a pas hésité à prendre des traites de la BCIA qui n'étaient même pas arrivées à échéance. Ce qui lui fera dire par la suite que, dans cette affaire, “la BCIA est en position de droit et la BEA en position de force”, ce qui situe une partie des débats dans cette affaire. Pour l'heure et alors que la chambre des référés à la cour d'Oran doit se prononcer, prochainement, sur l'appel introduit pour la main levée sur les avoirs, M. Kharroubi déclare qu'il ne fuira pas ses responsabilités vis-à-vis de ses clients qui lui font toujours confiance. F. B.