Condamné par contumace par le tribunal de grande instance de Bobigny, le 3 juillet dernier à 6 ans de prison, Lallali Abdelkader révèle qu'il a fait opposition au verdict, le 20 juillet, auprès de cette instance judiciaire, qui l'a acceptée en fixant une nouvelle audience le 4 septembre 2009 à la quatorzième chambre. Suite au mémoire présenté par son avocat, Me Metidji Abdelhamid, agréé auprès du barreau de Paris, dans lequel il garantit à M. Lallali Abdelkader que, même en son absence, il le représentera à l'audience et assurera sa défense conformément à un arrêt dans une autre affaire faisant jurisprudence, celui-ci a fait opposition au verdict le condamnant par contumace à une peine de 6 ans de prison ferme. Ainsi, l'affaire “cheb Mami” sera rouverte le 4 septembre prochain par le tribunal de grande instance de Bobigny. Cette opposition survient après que le défenseur de M. Lallali Abdelkader eut fait remarquer à son client que “les parties en cause se sont mises d'accord, en votre absence, pour vous charger au maximum sans craindre l'incohérence et l'invraisemblance de leurs dépositions”. Me Metidji Abdelhamid relève de “nombreuses contradictions dans leurs déclarations”. L'avocat estime, dans sa correspondance à M. Lallali dont nous détenons une copie, que “M. Khelifati (cheb Mami), son imprésario et la victime, en ce qui vous concerne, ont fait des dépositions allant dans le même sens et sans doute manifestement excessives vous chargeant pour tenter de vous présenter comme le véritable maître d'œuvre dans cette affaire”. Par ailleurs, notre interlocuteur nous fait remarquer que la plaignante a mis dix mois, d'août 2005 à mai 2006, pour déposer plainte, d'où la certitude qu'elle a tenté de trouver un arrangement avec cheb Mami, en vain. C'est à partir de là qu'elle a décidé de faire actionner la justice. Ainsi, M. Lallali Abdelkader nous a appris qu'il a demandé à son avocat d'engager une procédure auprès des instances judiciaires françaises afin que le dossier soit transmis à la justice algérienne, en laquelle il affirme avoir une totale confiance. Il justifie cette requête par le fait que lui est ressortissant algérien à part entière, contrairement à cheb Mami qui possède la nationalité française depuis 1992 et non depuis 2005 comme cela a été rapporté par la presse. Revenant sur ses relations avec cheb Mami, M. Lallali a souligné qu'il n'était que l'accompagnateur et l'ami du chanteur, et non son chargé d'affaires ou son “homme de main”. Il demande à l'artiste de prouver ses dires par un document officiel confirmant cette qualité de chargé d'affaires qu'il lui attribue. À ce sujet, il nous a déclaré : “Il m'a demandé de l'aider dans ses affaires immobilières. Etant donné que je suis ingénieur d'Etat en génie civil de formation avec beaucoup d'expérience dans ce domaine, je l'ai aidé et on est resté amis de 1999 à avril 2005.” Il y a eu rupture entre les deux hommes à partir de cette dernière date, nous a précisé M. Lallali, en raison d'un différend financier de 13 millions de dinars, que devait Cheb Mami à notre interlocuteur, lequel nous remettra une copie du chèque représentant le montant en question. Quant à cette histoire de tentative d'avortement, il a martelé : “Je n'ai rien à voir avec cette affaire, pour la simple raison que je ne me suis jamais immiscé dans sa vie intime, avec son ex-femme, Ikram, Hollandaise d'origine marocaine, alors comment aurais-je pu m'ingérer dans une affaire de mœurs le concernant ?” Dans le même ordre d'idées, M. Lallali affirme que Cheb Mami est un récidiviste en la matière et que la plaignante serait sa quatrième victime. Concernant le témoignage de cette dernière, il indique que “la plaignante parle d'un certain Kader dans une interview à un journal français. Elle a dit avoir été droguée par Hicham et qu'elle avait les yeux bandés. Comment peut-elle alors savoir qu'elle a été ramenée en taxi du bungalow à la villa, si elle ne voyait rien. De quel Kader s'agit-il quand on sait que le cousin germain de Cheb Mami, avec lequel il est constamment en relation depuis 1982, s'appelle également Kader”. “Moi, je n'ai jamais conduit de véhicule de ma vie, comment la plaignante a-t-elle pu être transportée le matin, de la villa vers une station de taxis, comme elle l'a déclaré ?” ajoute-t-il. Selon Michel Lévy, le départ de la plaignante d'Alger vers Paris n'a pas eu lieu le lendemain de la tentative d'avortement, soit le 29 août, mais bel et bien le 31 du même mois. Alors pourquoi n'a-t-elle pas déposé plainte auprès des autorités algériennes ? Dans ce cadre, M. Lallali nous révèle que l'imprésario de Cheb Mami, Michel Lévy, l'avait supplié d'aider le chanteur, chose qu'il avait refusée, en dépit de la rupture entre eux à cause du différend financier, l'informant au passage qu'il y avait eu une autre tentative d'avortement en Tunisie un mois avant la première. La vérification pourrait être faite sur les passeports des concernés à travers les cachets d'entrée et de sortie des polices des frontières françaises et tunisiennes. Au sujet de la soirée du 28 au 29 août 2005, M. Lallali assure avoir deux témoins certifiant sa présence avec eux, ne pouvant donc se trouver à l'endroit de la tentative d'avortement. “Il y a lieu de noter que je n'ai jamais été convoqué par la justice française, ni par voie diplomatique, ni par voie judiciaire, y compris dans le cadre d'une commission rogatoire”, insiste-t-il. M. Lallali s'interroge sur les raisons ayant conduit Cheb Mami à protéger des membres de sa famille, tout en l'incriminant personnellement, alors qu'il n'y est concerné ni de près ni de loin. “À travers son comportement et ses déclarations mensongères, Cheb Mami me pousse à faire des révélations à son sujet dans des affaires dangereuses. Cela, je le ferai devant la justice de mon pays si nécessaire, mais pas devant les instances judiciaires françaises. C'est décevant de sa part de m'avoir mêlé à une affaire à laquelle je suis totalement étranger, car je pensais que notre relation amicale l'en aurait empêché. Il a voulu me salir en touchant à mon honneur et à ma dignité et à ceux de ma famille. C'est lamentable, car je ne comprends pas ce qu'il veut par de tels agissements”, conclut M. Lallali Abdelkader, l'homme qui avait pourtant propulsé Mami, jeune chanteur de Saïda, au devant de la scène artistique et qui a fait de lui une star, avant d'être trahi et traîné dans la boue, alors qu'il est complètement innocent. Merzak Tigrine