En prévision d'un nouveau round de négociation entre le Front Polisario et le Maroc, sous l'égide de l'ONU, une rencontre informelle se tiendra en Autriche le 9 août prochain. La rencontre a été évoquée par l'émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, après sa tournée maghrébine. Pourtant, c'est le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Miguel Angel Moratinos, en visite officielle au Maroc, en pleines festivités de célébration du 10e anniversaire de l'intronisation de Mohammed VI, qui annonça la date et le lieu de la tenue de cette rencontre préliminaire. La présence du chef de la diplomatie espagnole, qui n'est pas à un revirement de position près, en cette circonstance au Maroc sonne comme un appui supplémentaire à la politique de Mohammed VI dont il loua d'ailleurs les avancées sur tous les plans. Il ne se contentera pas de la symbolique de sa visite qui est amplement révélatrice du parti pris de l'Espagne aux thèses marocaines dans le conflit sahraoui, comme l'a révélé son homologue marocain, Taieb Fassi Fihri, à la presse : “Les discussions maroco-espagnoles ont été axées sur les moyens de développer la coopération bilatérale ainsi que sur le plan d'autonomie proposé par le Maroc pour régler définitivement le conflit du Sahara occidental.” Cela au moment où l'alternative marocaine —autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine — semble battre de l'aile et peine à trouver des soutiens au sein de la communauté internationale. Et pourtant la présence certaine du Maroc à Vienne participe de son engagement à négocier avec le Front Polisario pour trouver une solution juste et conforme aux résolutions onusiennes. Donc, loin de la solution unilatérale marocaine de l'autonomie relative rejetée par le Front Polisario. Que cherche l'Espagne ? Faire oublier la timide revendication marocaine de restitution de ses deux enclaves, Ceuta et Melilla ? Rester principal parrain du régime marocain? Probablement, puisque M. Moratinos est allé jusqu'à “piétiner” les us diplomatiques en se substituant au représentant onusien pour le Sahara occidental. Une maladresse, cependant, bien appréciée par le Maroc qui se trouve paradoxalement dans la même posture que l'Espagne sur la question de l'occupation. Loin de prendre ses responsabilités historiques, les fuyant même malgré le verdict de la Cour internationale dans l'affaire de l'occupation illégale du Sahara occidental, l'Espagne ne dévie toujours pas de sa ligne de conduite où se mêlent un soutien tacite au Maroc et des déclarations en faveur d'une solution “juste”. Deux positions antagoniques qui contribuent à retarder l'application des résolutions onusiennes dont le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Et Moratinos d'offrir l'annonce de la réunion de Vienne comme un cadeau d'anniversaire à Mohammed VI pour ses dix ans de règne. La réaction du Front Polisario a été immédiate. Le Premier ministre sahraoui et membre du Front Polisario, M. Abdelkader Taleb Omar, dont le gouvernement a clairement affiché son intention d'aller vers des négociations directes avec le Maroc a estimé, dans une réaction du discours de Mohammed VI que le Maroc sape tous les efforts allant dans le sens d'une solution au conflit. “Le Maroc sape les efforts déployés par le secrétaire général de l'ONU et son envoyé personnel, Christopher Ross, et ferme la porte à toute solution du conflit qui l'oppose au peuple sahraoui”, a-t-il déclaré. Il a considéré, par ailleurs, le discours de Mohammed VI qui a réitéré son attachement à son initiative pour le Sahara occidental (l'autonomie) “portait en lui les germes de la déstabilisation de la région et entravait les efforts visant à construire le Maghreb”. Le travail de sape du Maroc s'accompagne cette fois du parasitage espagnol pour donner un avant-goût de ce que seront les négociations et manifestement une nouvelle occasion pour le Maroc pour tenter de gagner du temps et détourner les tensions sociales vers ce problème que l'on continue à présenter comme une création du voisin d'à côté, l'Algérie. Et malgré la propagande marocaine qui culmine à chaque approche de round de négociation, l'Algérie, que l'on veut présenter comme le parrain du Front Polisario, sera représentée à Vienne mais dans son constant rôle d'observateur au même titre que la Mauritanie. Cette présence n'est pas synonyme de participation, tout comme dans les précédents rounds où l'Algérie avait ce même rôle d'observateur qui ne l'implique nullement dans le processus. D'ailleurs, comme l'ont souvent réaffirmé les responsables algériens, le souci de l'Algérie est dans le respect de la légalité internatiswswssswonale et le maintien du “processus entre les mains des Nations unies”. Position que n'a toujours pas agréée le Maroc qui y voit un moyen pour faire de la diversion en la considérant comme un obstacle à la normalisation des relations bilatérales qui se résument ces dernières années à l'ouverture des frontières terrestres. Il est évident que la rencontre “informelle” de Vienne ne sera pas un prélude à un règlement définitif du conflit : Mohammed VI ena annoncé la couleur dans son discours. Djilali B.