Le Festival n'est point un simple geste symbolique, plus ou moins éphémère, ni une action de prestige qui veut redorer le blason de Djoua le temps d'un été mais un projet grandiose dont le festival n'est que la rampe de lancement, un leitmotiv annuel qui va ponctuer l'avancée d'une réhabilitation, d'un développement socioéconomique qui semble bien réfléchi. C'est assurément le festival le plus original que l'on sera appelés à vivre cet été, du 5 au 11 août prochain à Djoua. Qui connaît Djoua ? Pas grand monde, pas nous en tout cas qui vivons à quelques kilomètres de ce site : un village séculaire qui a dû être évacué par l'armée française en 1958, suite à sa déclaration comme zone interdite. Placé sous le signe du “Patrimoine au service du développement local”, le festival de Djoua a des visées lointaines dont les retombées seraient concrètes. Des activités économiques devraient voir le jour, des infrastructures pousser à la place des buissons… Il faut faire revivre, d'abord reconstruire, ce village. Djoua est l'un des 50 villages que compte la confédération des Ath Bimoun (commune de Boukhlifa, daïra de Tichy, wilaya de Béjaïa). Des dizaines de tentes sont dressées, dont quelques-unes climatisées, des chapiteaux, des générateurs d'électricité… Tout un village de toile avec toutes les commodités nécessaires. Le Festival s'ouvrira sur une grande tatiat ou waâda, en offrande au village Djoua. Le programme concocté est des plus riches, un peu trop chargé peut-être, ce qui risque de diluer les activités porteuses du projet global, essentielles dans d'autres activités annexes faites plus pour attirer du monde. Ce programme s'articule autour de cinq volets : un espace économique, un espace culturel, un espace conférences et débats, un espace associatif et un espace ludique. L'espace économique sera concrétisé par un souk artisanal dédié à des artisans qui viendront montrer les secrets de leur travail, initier et peut-être transmettre leur art à des jeunes gens en quête de métier. L'Espace des associations qui se concrétisera par des stands (sous tentes) où seront exposées des réalisations, des projets, des savoir-faire. Ce sera également un forum pour tisser des liens qui pourraient aboutir sur des échanges et des partenariats. Les débats et rencontres vont regrouper spécialistes, chercheurs et public autour de thèmes aussi intéressants que “La mise en valeur du littoral et protection de cet environnement sensible”, “Préhistoire avec la grotte d'Afalou”, “Aux origines de l'écriture berbère avec la stèle libyque de Boukhlifa”. D'autre part, “La science à Béjaïa” sera montrée à travers une pièce théâtrale sur la vie et l'œuvre de Fibonacci, un mathématicien italien qui y a vécu vers 1200. L'Espace ludique sera consacré à diverses activités en direction des enfants. Les soirées seront dédiées à la scène. Une vraie scène professionnelle avec la sono de l'Oref se prêtera aux concerts avec de grandes stars algériennes et quelques espoirs de la chanson. On pourra apprécier les prestations de Malika Domrane, Brahim Tayeb, Chérif Hamani, Brahim Saci, les frères Djemaï, Gaâda Diwan Béchar, Nora Aït Brahim, Ahellil Charouine, Akli Yahiatène, Yacine Zouaoui, H'sinou, Bouhi Abdelkader, Aldjia, Rahima Khelfaoui. Pour la clôture, on ne sait pas encore qui de Amazigh Kateb ou de Sidi Bémol sera la grande attraction de l'avant-dernière soirée. Le théâtre et la poésie seront également à l'honneur avec des représentations et des lectures poétiques. Il est utile, et juste, de signaler que cette grande manifestation est initiée par deux associations jumelles, l'association Djoua de Paris et l'association Djoua pour la protection et le développement du patrimoine et du tourisme, domiciliée à Béjaïa. De nombreux sponsors privés et institutions étatiques contribuent à ce gigantesque événement qui, nous l'espérons, sera au moins à la hauteur des efforts et des moyens déployés pour sa tenue. Que la montagne accouche d'un continent ! Abdelaziz YESSAD