Yasser Arafat avait fondé le Fatah au Koweït en 1959, pour organiser la résistance palestinienne indépendamment des pays arabes, lesquels avaient transformé la question en juteux commerce. Le bilan du Fatah, version Mahmoud Abbas, est sombre. Le parti de feu Arafat est associé à la corruption passée de l'Autorité palestinienne et a perdu Gaza face aux islamistes radicaux. Et les tentatives de réconciliation entre le Fatah et le Hamas sous l'égide de l'Egypte n'ont toujours pas abouti. Le Fatah de Yasser Arafat n'est plus l'organisation prestigieuse et forte qu'elle était en 1989, l'année du dernier congrès du Mouvement national palestinien de libération. C'est alors la principale composante de l'OLP, l'Organisation de libération de la Palestine qui a reconnu l'existence d'Israël un an plus tôt en se lançant dans l'interminable processus de paix avec les Israéliens. L'aboutissement, ce seront les accords d'Oslo en septembre 1993 au terme de négociations secrètes avec l'Etat hébreu. Peine perdue car ces derniers refusent jusqu'à présent de se plier aux résolutions internationales pourtant minimalistes. Israël mené par des faucons exige des Palestiniens l'abandon même de l'idée d'Etat. Le Fatah, pour rappel, est le “bébé” de Yasser Arafat qui l'avait fondé au Koweït en 1959, pour organiser la résistance palestinienne indépendamment des pays arabes, lesquels avaient transformé la question en juteux commerce. Et cela continue de plus belle par ailleurs. Le Fatah réoriente donc sa politique, préférant se consacrer à la reconnaissance internationale de la cause palestinienne avec notamment la création en 1992 de l'Autorité palestinienne à Ramallah, incarnée par le Fatah, à sa tête, mais aussi dans l'administration et au sein des forces de sécurité palestinienne. Le résultat, c'est que le Fatah s'est trouvé directement associé aux échecs de l'Autorité palestinienne et à sa corruption endémique. C'est ce dont l'accuse sa jeune garde qui piaffe d'impatience de reprendre le flambeau. Mais ce n'est pas compter sur la vieille garde et ses intérêts. C'est d'ailleurs un scénario identique dans tous les pays de la Ligue arabe ! Avec la reprise de la seconde Intifada en 2000, le Fatah qui défend encore des négociations de paix avec Israël, perd de son influence au profit du Hamas, mouvement islamiste crée en 1987, dit-on avec le coup de pouce des Israéliens et qui prône la destruction d'Israël. Le décès de Yasser Arafat en novembre 2004 va créer un vide au sein du Fatah. Un vide que Mahmoud Abbas, son successeur à la tête de l'Autorité palestinienne, n'est pas arrivé à combler. Cette situation va accentuer l'affaiblissement du Fatah face au Hamas, il perd les élections municipales en 2005, puis les législatives en 2006. Et pour la première fois, il n'a plus la mainmise sur les territoires palestiniens et est obligé de composer avec le Hamas. La coexistence au pouvoir entre les deux formations palestiniennes durera 18 mois, elle s'achèvera dans le chaos d'une guerre civile de 22 jours en juin 2007. C'est la coupure, Hamas contrôle Gaza et la Cisjordanie est dirigée par le Fatah de Mahmoud Abbas. On en est encore là. Le Fatah pour avancer doit se revivifier. Le fera-t-il durant ce congrès ? Pas si sûr. D. B.