La troisième soirée a été marquée par deux faits saillants : la présence surprise de cheb Abdou qui a chamboulé le programme initial de la soirée ; et la déprogrammation de Mohamed el-Abbassi, car dès la fin de la prestation de Abdou, le public a déserté les gradins du stade du 24-Février-1956. La fête bat son plein dans la capitale de la Mekerra. Le Festival national du Raï, abrité pour la deuxième année consécutive par Sidi Bel-Abbès, a réussi à faire sortir les familles, à faire danser les plus réticents et à égailler les nuits d'une ville extraordinairement authentique, chaleureusement accueillante et très longtemps désertée par les activités culturelles. Ce festival offre une seconde vie à Sidi Bel-Abbès qui renaît de ses cendres et sort de son isolement. Et pour cause, la 3e soirée du Festival national de la musique et la chanson raï, a connu une très forte affluence du public qui a commencé à affluer dès le début de la soirée au stade du 24-Février-1956. En fait, grâce à la présence du grand nom de la chanson raï, cheb Abdou, que certains se plaisent à surnommer cheikh, on pourra avancer sans la moindre hésitation que le Festival a atteint sa vitesse de croisière et ce, en raison de la qualité des artistes présents et même des graines de stars qui concourent pour le grand prix du festival : un stage de formation en France. Le programme initial de la soirée a été chamboulé par la présence de cheb Abdou dont la participation à ce festival était incertaine. Abdou a fini par accepter l'invitation des organisateurs et a déclaré après son gala : “Par ma présence ce soir à Sidi Bel-Abbès, je voulais d'abord exprimer et signifier mon respect au festival et à l'art du raï ; mais je voulais aussi et surtout rencontrer mon public à Bel-Abbès, si cher à mon cœur et que j'admire.” Bête de scène et très applaudi par l'assistance, Cheikh Abdou a entamé sa prestation par son succès Kindir oundirlah. Il enchaînera ensuite d'autres tubes que le public reprend en chœur, entre autres sa chanson Appel masqué. De plus, Abdou ne manquera pas de gratifier l'assistance de célèbres standards de meddahate, notamment le titre Aya Rouah, avec lequel il clôturera sa prestation… très réussie. Juste après, et gonflés à bloc, les mélomanes ont commencé à déserter le stade, oubliant complètement la prestation de Mohamed el-Abbassi. D'ailleurs, le tour de chant de ce dernier a été déprogrammé. Ce fait inédit a mis Mohamed el-Abbassi hors de ses gonds. Manifestement très en colère, il a déclaré : “Je pense que ce qui vient de se passer ce soir est un complot qui a été fomenté contre moi pour me détruire, non seulement dans ma ville mais aussi devant mon cher public. J'estime qu'en agissant ainsi, les organisateurs ont d'ores et déjà signé la mort définitive du Festival à Sidi Bel-Abbès.” Comment une prestation ratée d'un artiste qui n'a manifestement pas intéressé le public peut-elle signer la mort d'un festival ? Affaire à suivre ! Cependant, il est clair qu'après un show signé une star du raï, le reste n'est que remplissage. En fait, l'erreur est d'ordre organisationnel, puisqu'on ne programme pas une star au milieu ou au début de la soirée. Encore une leçon à tirer pour les organisateurs du festival. Par ailleurs, signalons que le début de la soirée a été marqué par la prestation du jeune talent Toufik Nedromi qui n'a pas laissé les spectateurs indifférents. Le jeune artiste a présenté un cocktail festif de chansons marocaines et autres de styles Trab et raï des cheikhate, notamment Dini Maak ou encore El-Alaoui. Il y a eu également la prestation du cheb Mohamed Alia, venu tout droit de Bordj Bou-Arrirédj qui a offert au public un bouquet riche en couleurs, tiré de son dernier album. Il cédera la scène par la suite à cheb Belkheir Chelfi qui s'illustre dans le raï-trab. Notons que les chanteurs ont été accompagnés par une jeune troupe musicale venue d'Oran, dirigée magistralement le maestro Amine Dahane. A. BOUSMAHA