La capitale de la Mekerra continue de vibrer sous l'effet du verbe cru du phénomène Abdou, venu se ressourcer au réservoir patrimonial bélabésien, dominant la troisième soirée de ce festival. Annoncé en surprise, Cheb Abdou est arrivé en vedette. Sans trop d'efforts, le «géant» est allé droit au but pour egayer la troisième soirée du festival et basculer à son profit le cours du festival après la morosité qui a marqué les deux premières soirées. En effet, la scène artistique de la capitale de la Mekerra qui continue à vibrer sous les effets du verbe cru a été envahie par le phénomène Abdou. Venu se ressourcer au large réservoir patrimonial bélabésien, le défenseur du style des Meddahate a savamment habillé le décor artistique de Sidi Bel Abbès en enflammant les gradins du stade 24-Février. Toujours égal à lui-même et se moquant pas mal des tabous qui continuent à marquer la société, Cheb Abdou n'a pas trop lésiné avec son verbe en exprimant tout haut ce que les autres pensent tout bas. C'est ainsi qu'il est allé droit au but dès son entrée sur le podium sous les appaludissements des présents. Dans une forte communion, l'assistance et les fans de Abdou se sont livrés à un jeu interractif jamais connu auparavant sur la scène locale. Le rouleau compresseur Abdou vient de faire sauter un nouveau verrou le separant de ses fans qui suivent de près ses évolutions, ses mouvements et ses productions sans pour autant avoir eu, un jour, la chancce de le côtoyer de près. Plusieurs familles composées de vieux, de jeunes et de moins jeunes sont venues en force suivre de près leur idole au look inhabituel et chant féminin constituant, quelque peu, un tabou. Certaines voix ne cessent de denonçer ce qu'elles qualifient de «déviation grave de la musique raï». La troisième soirée a révélé ce qui devait être révélé, Abdou garde intact son aura parmi les mélomanes du style reservé aux medahates appelées fkirates dans l'Algérois. Le podium du stade du 24- Février a explosé, le reste est à venir a promis Abdou. Après avoir consacré sa rentrée aux éloges, à la fois humbles et protocolaires marqués par les fleurs jetées en l'honneur de la wilaya de Sidi Bel Abbès et ses saints, Abdou se lance. La forte assistance s'est aussitôt mise de la partie. En un laps de temps, le stade 24-Février a changé de look. Les cris histériques se faisaient entendre un peu partout du haut des tribunes. Aussi, le phénomène Abdou a balayé, d'un revers de main toutes les critiques acerbes qui le poursuivaient depuis qu'il a entamé sa carrière artistique. Ce raï authentique, interprété par un chanteur phénoménal a pu gagner la confiance des présents et avoir gain de cause des langues qui se sont déliées. Le style des medahate est désormais avalisé dans une capitale où toute fausse note est calculée sur le compte du chanteur. Cette musique est interprétée un peu partout, elle est en passe de rivaliser avec les grands genres musicaux. Le cheikh appelé localement Cheikh Abdou, n'est pas l'unique défenseur de ce style chanté uniquement par les femmes appelées medahates. Un autre, moins connu, fait une montée tout aussi fulgurante, Cheb Boukhana. Ce jeune inscrit, son choix dans ce genre musical tant apprécié et usé dans les mariages et dans d'autres festivités familiales.