“Les différents établissements hospitaliers de la région orientent souvent leurs malades vers cette structure qui ne peut même pas satisfaire les personnes de la wilaya, notamment à cause du manque de spécialistes”, nous a déclaré une des sages-femmes. Inaugurée en grande pompe au début des années 1990, le service de gynécologie obstétrique du CHU Saâdna-Abdennour de Sétif n'en finit pas avec le sempiternel problème du manque de gynécologues. En effet, la présence de la mission chinoise, qui a marqué son passage au niveau dudit service pendant deux années avec des prestations, le moins qu'on puisse dire, satisfaisantes, n'était que le calme précédant la tempête. Dès la fin du contrat de coopération, 18 mars dernier, les Chinois ont quitté l'hôpital, laissant place à la spéculation en tout genre. La population sait que le problème des gynécologues est un problème national et lui trouver une solution relève du ressort des responsables au niveau du ministère de la Santé et de la Population. À cela s'ajoute le flux de parturientes évacuées de Béjaïa, M'sila, Bordj Bou-Arréridj et Mila. “Cette structure de 120 lits était conçue pour les habitants de Sétif. Aujourd'hui, elle reçoit des futures mamans de plusieurs wilayas limitrophes. Les différents établissements hospitaliers de la région orientent souvent leurs malades vers cette structure qui ne peut même pas satisfaire les personnes de la wilaya notamment du fait du manque de spécialistes”, nous a déclaré une des sages-femmes. Le service de gynécologie de Sétif ne compte, depuis le mois de mars, qu'une seule gynécologue. Devant cette situation qui perdure, l'administration de l'unité mère-enfant, pour combler ce déficit et assurer des gardes spécialisées, fait appel aux gynécologues privés. Cependant, il est à noter que ce ne sont pas tous les médecins qui honorent leurs engagements. Etablir un tableau des gardes est un véritable parcours du combattant et à la fin beaucoup de médecins ne le respectent pas. “Au mois de juillet, nous avions fait appel à un spécialiste qui a donné au préalable son accord pour faire accoucher une patiente. Au dernier moment, il se décommande sous prétexte qu'il se trouvait à Alger. Devant l'absence de gynécologue, l'époux de la patiente a décidé d'évacuer sa femme vers une clinique privée et c'est là qu'il découvre que le dit médecin assurait une garde au niveau de cette structure”. Cette histoire telle que racontée par un fonctionnaire de la maternité montre que le mal est profond et que la déliquescence a touché toutes les catégories de la société même ceux qui ont prêté le serment d'Hippocrate. Par ailleurs, chapeau bas aux médecins généralistes qui travaillent depuis plusieurs années au niveau de cette structure pour combler un tant soit peu le déficit enregistré de spécialistes et de sages-femmes qui travaillent dans des conditions inhumaines et qui luttent pour sauver des vies humaines. Depuis le début de cette année, pas moins de 20 bébés sont morts au niveau de la maternité de Sétif contre 8 l'an dernier. L'on ignore les causes de ces décès mais des sources estiment que le manque de spécialistes y est pour beaucoup. En attendant de recruter de nouveaux gynécologues algériens, ne serait-il pas plus réaliste de reconduire la mission chinoise et mettre fin au commerce de la gynécologie dans certaines cliniques privées lesquelles, de l'avis de plusieurs citoyens, sont derrière tous les maux du service de gynécologie à Sétif. F. Senoussaoui