Les investissements directs étrangers constituent l'un des facteurs importants pour l'émergence d'une économie hors hydrocarbures. L'Algérie doit impérativement encourager les investissements nationaux ou étrangers pour faire face à la faiblesse des ressources, permettant de construire une économie loin des recettes pétrolières. Il faut se rendre à l'évidence que les ressources du pays ne suffisent pas pour bâtir une économie hors hydrocarbures. Plus de 40 milliards de dollars/an en moyenne de revenus demeurent insuffisants et ne servent qu'à couvrir les importations et assurer le fonctionnement de l'Etat. Et la faiblesse du secteur privé national tant sur le plan de la production que les exportations hors hydrocarbures ne fait que confirmer ce manque de ressources. La part de l'industrie dans le produit intérieur brut (PIB), estimée à 5%, reste extrêmement faible même pour un pays moins avancé. Or l'édification d'une économie densifiée et diversifiée n'est plus du ressort de l'Etat. Ce rôle échoit en revanche aux opérateurs publics ou privés, nationaux et étrangers. La mission des pouvoirs publics est de créer l'environnement économique adéquat et le cadre institutionnel idoine pour l'émergence de cette économie. “Il faut dire que seuls les investissements directs étrangers (IDE) sont à même de permettre à l'Algérie de bénéficier de transfert de technologies et de favoriser les exportations hors hydrocarbures grâce à la construction d'une économie diversifiée et densifiée”, souligne M. Salah Mouhoubi, docteur en sciences économiques et politiques. C'est ainsi que les pouvoirs publics sont interpellés pour définir un cadre législatif et réglementaire encourageant les IDE en leur offrant aussi la stabilité institutionnelle. En termes plus clairs, il est primordial de mettre un terme à ces changements interminables, mais surtout réguliers des lois. À ce propos, les dernières dispositions de la loi de finances complémentaire (LFC) pour 2009 doivent être, selon M. Salah Mouhoubi, réexaminées pour tenir compte de cet impératif qu'est la mise en place d'une économie diversifiée et compétitive. “S'il est légitime que l'Algérie définisse le cadre pour les IDE, car c'est de son droit souverain, elle doit également prendre en considération le fonctionnement de l'économie mondiale”, avoue cet expert. Un investisseur étranger qui s'installe dans un pays, c'est en toute légitimité, reconnaît-il, pour profiter des opportunités qu'offre ce pays et réaliser dans le même temps des bénéfices. Pour cela, les dernières dispositions de la LFC sur les IDE doivent être assouplies de sorte qu'aucune contrainte ne bloque l'investisseur national ou étranger dans leurs activités. “Nous ne sommes plus dans une économie dirigée, mais nous aspirons à une économie de marché”, tient à rappeler M. Salah Mouhoubi. Une manière de dire que l'investisseur étranger choisit librement ses partenaires algériens et, à l'inverse, l'Algérien sélectionne en toute liberté ses associés étrangers dans des proportions définies selon leurs intérêts réciproques. “Ce que peuvent faire les pouvoirs publics, c'est d'imposer, par exemple, aux détenteurs de projets d'IDE de prendre des partenaires algériens sans arrêter les modalités de leur partenariat. C'est aux deux parties de décider”, suggère-t-il. Le fait de fixer 49% et 51% dans des projets de partenariat entre opérateurs algériens et étrangers n'est autre qu'une immixtion dans leurs propres affaires. Car, ce qui pose problème, ce n'est pas la participation algérienne dans ces projets, mais beaucoup plus les procédures arrêtées qui sont en porte-à faux par rapport aux principes d'une économie de marché où la liberté de l'acte d'investir y est consacrée. Chose qu'a rappelée le président de la République qui, au cours de l'un de ses discours, a exigé l'émergence d'une économie diversifiée. Il faut de ce fait libéraliser dans un cadre législatif et réglementaire l'acte d'investir en Algérie. On se rappelle des orientations du premier magistrat du pays qui, tout en reconnaissant leur importance pour l'économie nationale, a exigé que les IDE soient encadrés davantage au profit de l'économie nationale et pour la sauvegarde de la balance des paiements. “Ce sont les IDE qui favorisent également les meilleures insertions dans la mondialisation”, relève le Dr Salah Mouhoubi. Par ailleurs, ce sont ces mêmes IDE qui assurent une rentabilisation des infrastructures édifiées dans le but de développer une économie solide. Ces IDE, constate l'économiste, pousseront l'Algérie à parachever son projet de réformes et de l'Etat et de son système économique, notamment celui ayant trait au secteur financier. Badreddine KHRIS