L'Algérie est à l'abri d'une catastrophe provoquée par la sécheresse. Les importations en blé et les approvisionnements du marché en fruits et légumes, prévus à cet effet, éloignent tout spectre d'une éventuelle récession. Ce sont là, en substance, les propos tenus par le chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem, lors de sa rencontre avec les médias dans le cadre du forum organisé par l'Entv, samedi dernier. Il n'en demeure pas moins que les prémices d'une économie productive hors secteur pétrolier sont encore loin de pointer le bout de leur nez. L'économie algérienne demeurera, encore pour quelques années, tributaire de ses exportations en hydrocarbures. De quoi avoir le regard constamment braqué sur les caprices du prix du baril de pétrole. La manne pétrolière, condition essentielle de l'embellie financière, unique dans les annales de l'économie de l'Algérie indépendante: bénédiction ou fatalité? Les arguments développés par le chef du gouvernement, sans détours, faut-il le souligner, mettent en exergue les faiblesses des instruments nécessaires au décollage d'une économie productive. Le manque flagrant d'une main-d'oeuvre spécialisée a conduit à faire appel à la main-d'oeuvre étrangère, chinoise en particulier, en matière de construction de logements, d'infrastructures routières (autoroute Est-Ouest), touchant du doigt des secteurs névralgiques pour la mise en oeuvre du programme de développement économique initié par le président de la République. Les réformes engagées, menées de front avec un effort volontariste de mise en pratique d'un plan de développement économique ambitieux, si elles s'avèrent incontournables, connaîtront-elles leur concrétisation sur le terrain? L'oeuvre est titanesque, la crédibilité et les compétences de l'actuelle équipe gouvernementale sont mises à contribution, si ce n'est à rude épreuve. Les potentialités du marché algérien sont énormes et indéniables. 1200km de côtes, les secteurs de la pêche, du tourisme, de l'agriculture ainsi que celui des travaux publics constituent autant de secteurs ciblés par les investisseurs étrangers. Le chef du gouvernement l'a affirmé sans fioritures et avec une certaine lueur d'espoir. Ces secteurs sont convoités, notamment par des investisseurs arabes. Investissements qui se font pour l'instant au compte-gouttes. Les maillons faibles du marché algérien, facteurs de blocage, ont été identifiés. Le foncier, le secteur bancaire et la bureaucratie sont les causes essentielles de la valse-hésitation de l'apport des capitaux étrangers. Le pas à franchir de l'embellie financière vers une économie productive est le défi à relever. La dépendance de l'économie algérienne des recettes en hydrocarbures reste le chaînon à rompre. Comment y parvenir? Comment évacuer de l'inconscient collectif une rente pétrolière symbole de «mythe», de l'aisance financière éternelle? De vieux réflexes mais aussi des intérêts occultes contribuent et persistent à le faire croire. La loi de finances, élaborée sur la base d'un prix du baril de pétrole à 19 dollars, a rendu possible la constitution d'un fonds de régulation qui a permis d'engranger 3100 milliards de dinars destinés à parer aux éventuels déséquilibres budgétaires, a rappelé le chef du gouvernement. Une démonstration convaincante de prévision budgétaire. La santé financière de l'économie algérienne a connu un assainissement qui n'est plus à discuter. Une dette extérieure près d'être négligeable, 5 milliards de dollars. Une situation financière des plus confortables, un matelas financier de 70 milliards de dollars, dû à une conjoncture pétrolière exceptionnelle qui permet une viabilité extraordinaire de la balance des paiements. L'excédent du compte courant de cette dernière affiche 21,72 milliards de dollars pour l'année 2005. Ce qui fait de l'Algérie un des rares pays au monde à posséder des réserves de change qui dépassent la masse monétaire et qui sont de loin supérieures à ceux de beaucoup de pays occidentaux connaissant une forte croissance économique. Cette situation financière, historiquement saine et sans égale, constitue un formidable tremplin pour la mise en chantier d'une économie basée sur la production, pour une stratégie de croissance de ressources hors hydrocarbures.